Portraits et Témoignages

Articles tirés du journal NDN

Frère Yves « petit frère mineur du pardon »

 

À partir de juillet, la communauté franciscaine de Canclaux offre son hospitalité aux paroissiens de Notre-Dame-de-Bon-Port. Qui sont ces frères qui nous accueillent ? Frère Yves, à partir de son itinéraire de foi, nous introduit à la spiritualité franciscaine.

 

Chapelet à la main, béret sur la tête, frère Yves sort sa Bible « très fatiguée » d’avoir été feuilletée sans relâche. Il me salue et se recueille en priant « donne-moi ta Grâce, ta lumière, ta paix… Pour ta gloire Seigneur… »

« Soyez bénie madame… »

« J’ai été totalement athée dans les années 70… totalement athée. »

Ainsi commence notre entretien. Ainsi commence le récit de son aventure spirituelle. En 1973, à Paris, étudiant en philosophie à la Sorbonne, Yves est athée et sans espérance. A travers les œuvres d’écrivains juifs francophones – Elie Wiesel et André Schwaz-Bart – il est saisi de la situation des juifs au XXème siècle…La Shoah. « Je me suis dit : si les juifs ont pu tenir dans cette catastrophe, alors moi aussi dans ma catastrophe personnelle, je peux tenir bon. Dans sa grâce, notre Père m’a, du fond de l’athéisme, fait découvrir le judaïsme… C’est par là que la grâce de Dieu a permis que je rencontre en Sorbonne le professeur Claude Tresmontant, métaphysicien qui vénérait la pensée hébraïque dans le judaïsme et c’est par le judaïsme que j’ai été sauvé de l’athéisme. »

Frère Yves dessine alors sur la table avec son doigt le circuit de son histoire qui l’a mené de l’athéisme au judaïsme… Je viens de là…

C’est bien par-là que la Grâce de Dieu s’est infiltrée dans sa vie, en lui faisant rencontrer le penseur providentiel qui lui a fait découvrir le Christ de son baptême… : « si j’ai eu envie de suivre les cours de Claude Tresmontant, c’est à cause de son livre sur l’apôtre des nations, “Saint Paul et le mystère du Christ” ».

Le regard ardent, frère Yves évoque alors sa rencontre décisive avec les frères mineurs : « Les cours de philosophie et de christologie de Monsieur Tresmontant étaient influencés par la spiritualité franciscaine. J’ai ainsi découvert Saint François d’Assise puis le théologien médiéval Jean Duns Scot. Un jour de 1978, j’ai franchi le seuil de la librairie franciscaine de Paris. J’ai alors été saisi par le pauvre d’Assise, sa manière de sanctifier du nom de Dieu, sa sainte humilité et son amour de l’Église ».

Frère Yves entre peu après chez les franciscains pour devenir petit frère mineur et prêtre de l’Église.

« Ton amour Seigneur, m’a comblé puisque tu m’as permis d’être frère mineur et prêtre ; Je ne suis qu’un piètre témoin franciscain mais cela me porte »… (silence…).

« Que dire d’autre à la louange de Dieu ? ».

D’une voix emprunte de douceur, frère Yves évoque sa nouvelle vie… : « Mon supérieur m’a envoyé à Nantes il y a un an (je viens de Brive) et depuis j’aime beaucoup prier à Notre-Dame de Bon Port…

Le Père Sébastien m’a permis d’être confesseur à Sainte-Croix et je reçois beaucoup, beaucoup, des pénitents et pénitentes. C’est une grande joie d’avoir été appelé à être serviteur du sacrement du Pardon le lundi à Sainte-Croix. Dans la tradition des frères mineurs franciscains et capucins, les saints qui furent des confesseurs sont nombreux – Saint Padre Pio, Saint Léopold Mandic…

Je leur demande de m’aider toutes les fois que je suis serviteur du Pardon »

Frère Yves ouvre alors sa Bible et lit un passage de Paul à Timothée :

« je suis plein de reconnaissance envers Dieu que je sers à la suite de mes ancêtres (mes pères juifs) avec une conscience pure, lorsque sans cesse, nuit et jour, je fais mémoire de toi dans mes prières (2Tm1,3). »

Il ajoute : « et moi, je ne cesse de prier pour ceux qui m’ont tout apporté, ceux que Dieu a mis sur mon chemin ! » C’est là l’essentiel de sa vie… « Je ne suis qu’un pauvre petit frère mineur du pardon ! »… Une vie qui conduit tout droit à la joie de Dieu ; une joie toute franciscaine !

Michèle Le Verge
NDN-15