René-Jean Tual est un vieil ami de la paroisse… Lorsque je sollicite un entretien avec lui pour le journal NDN, il est à la fois surpris et gêné. C’est un homme doux ; il n’aime pas se mettre en avant. Appuyé sur sa canne, il esquisse un sourire discret et un regard pétillant. L’homme vit dans le quartier de Notre-Dame de Bon-Port depuis près de 60 ans. Il y a vu naître et grandir ses 6 enfants. Face à la Loire, l’ancien marin se remémore le temps où il voyait arriver et partir les bateaux dans le port de Nantes, sous ses fenêtres. Pas de nostalgie dans ses paroles… René-Jean s’émerveille tout autant des belles années passées que de ce qu’il voit éclore aujourd’hui dans notre paroisse.

Il tient à préciser qu’il me reçoit quelques jours après le week-end Talenthéo. Il rayonne, je lui laisse la parole : « Je suis encore dans le bonheur de ces journées. J’ai tout d’abord ressenti que la paroisse Notre-Dame de Nantes était une réalité : les participants à ces journées n’avaient pas, en se saluant, éprouvé le besoin de nommer leur clocher, Saint Nicolas, Notre -Dame de Bon-Port ou Sainte-Croix – cela allait de soi : nous étions tous de « Notre Dame de Nantes ».

Bonheur de mesurer le travail accompli depuis 25 ans pour aboutir aujourd’hui à cette paroisse si vivante et riche. Le Père Sébastien l’a bien exprimé dans plusieurs éditoriaux, disant son « émerveillement ». »

Il ressort alors ses vieux papiers, lorsqu’il participait aux réflexions du renouveau de l’Eglise diocésaine. Le temps de l’Eglise est un temps long. Dans sa sagesse, René-Jean sait en faire mémoire, il sait quelles sont ses racines.

« Chemin commencé de longue date ; en janvier 1992 Mgr Marcus faisait paraître un long texte « Orientations pour la mise en place des conseils pastoraux de secteurs et d’Equipe d’Animation Paroissiale » et en 2001 Mgr Soubrier traçait les perspectives pour la réorganisation pastorale du diocèse, demandant de « passer de la vision d’un monde globalement chrétien à celle de communautés chrétiennes, signe de salut en Jésus-Christ, dont la mission est de proposer une foi qui n’est plus dans l’air du temps… Il faut développer le sentiment de coresponsabilité dans le peuple de Dieu ».

Les années suivantes furent passionnantes, dynamiques, imaginatives sous le pastorat des Pères Régis et Patrice. Une des premières tâches fut de s’imprégner de l’exhortation « Evangelii nuntiandi », un bijou, une merveille. »

« J’ai personnellement été sensible au fait qu’une certaine fissure entre paroisse et action catholique se soit recollée, ne laissant pas croire qu’il faudrait choisir entre la foi en Dieu et le service des hommes.

Je suis profondément attaché à l’église Notre-Dame de Bon-Port. J’y fus baptisé et j’aime m’arrêter devant la cuve baptismale, là où je suis devenu enfant de Dieu.

J’aime cette église et sa décoration catéchétique, le Christ au centre dont on suit la montée vers le centre haut de la coupole, la ronde des saints, la place de la vierge Marie. J’aime voir, dans la nef le grand prêtre Melchisédech et Elie… et les femmes des écoinçons… et la descente de la croix de Gouézou, bref, j’y suis heureux. Mais le bonheur c’est de s’y retrouver, c’est de faire partie d’une communauté et plus encore d’une fraternité. »

■ Catherine Morio