Un peu d’histoire

Articles tirés du journal NDN

 Félix Fournier, prêtre, évêque et bâtisseur !

En sortant par la porte centrale de la basilique Saint-Nicolas, vous aurez à descendre l’impressionnante volée de marches du parvis qui vous mènera, en bas, à la place Félix Fournier !
Mais qui est Félix Fournier ?

Il s’agit du 97ème évêque de Nantes, né le 3 mai 1803 à Nantes et mort le 9 juin 1877 à Rome.
Sa carrière ecclésiastique commence lorsqu’il est nommé vicaire à Saint-Nicolas, sa paroisse de naissance. Jeune prêtre dynamique, il en devient, en 1836,  le curé et fonde, l’année suivante, la première conférence Saint-Vincent de Paul du diocèse.
C’est dans ces années, alors qu’il est le curé de celle qui n’est encore que la petite église Saint-Nicolas, qu’il va entreprendre l’œuvre de sa vie, la construction d’ « un grand acte de foi au cœur de la cité » : Saint-Nicolas telle que nous la connaissons aujourd’hui.

Il confie la construction de la nouvelle église à l’architecte Jean-Baptiste Lassus, célèbre pour les restaurations de la Sainte Chapelle et de Notre-Dame de Paris avec Eugène Emmanuel Viollet-le-Duc. L’architecture de l’église Saint-Nicolas est donc celle du courant archéologique et rationaliste, dit style « néogothique ». La construction  de l’édifice s’échelonne de 1844, pose de la première pierre, à 1876, année de sa consécration.

Félix Fournier s’engage également en politique et est élu député de l’assemblée constituante en 1848, représentant un conservatisme modéré.
Il accède au siège épiscopal de Nantes en 1870, et son premier acte sera de proclamer la consécration du diocèse au Sacré-Cœur de Jésus. Il fera aussi le vœu de construire une basilique dédiée à Saints Donatien et Rogatien si le diocèse échappe à l’occupation prussienne. Son épiscopat est marqué par l’installation de nombreuses congrégations religieuses, par le souci du monde ouvrier et par le développement des écoles catholiques.
Il décède lors d’un pèlerinage à Rome en 1877 et est, selon son vœu, inhumé dans sa chère église Saint-Nicolas où son cénotaphe, bien que très endommagé par les bombardements de 1943, est toujours visible.

De l’église à la basilique !

Le terme « basilique » vient du grec basileus qui signifie « roi » et par extension désigne le lieu où le roi rendait la justice. Avec les siècles et la christianisation, les basiliques sont devenues le lieu du rassemblement des chrétiens.

Les basiliques mineures, à distinguer des basiliques majeures, essentiellement romaines et au nombre de quatre, peuvent être des édifices de longue antiquité ou de grande célébrité, cathédrales, églises paroissiales ou de pèlerinage.

Ainsi, c’est Mgr Fournier, évêque de Nantes, et bâtisseur de l’église Saint-Nicolas, qui peu de temps avant sa mort en 1877 lors d’un pèlerinage à Rome, sollicita auprès du Pape Léon XIII, que l’église Saint-Nicolas reçoive dans « les témoignages publics, l’estime, le respect et l’admiration » qu’elle méritait.
Après avoir vu et pesé les raisons de cette demande, à savoir la vénérabilité de l’église, le dévouement de Mgr Fournier, la rayonnante piété du lieu, la majestueuse beauté du bâtiment ainsi que la générosité et la foi des fidèles, c’est par un bref du 9 janvier 1882 que le pape Léon XIII accorda à l’église Saint-Nicolas le titre de basilique mineure. Car l’élévation de l’église Saint-Nicolas au rang de basilique mineure relève, en tout premier lieu, de l’autorité du Pontife romain.
C’est ainsi que le 29 janvier, Mgr Le Coq annonça aux paroissiens la bonne nouvelle : « Aujourd’hui un nouveau fleuron s’ajoute à la couronne qui rayonnait déjà sur le front de cette splendide église qui devient la jeune basilique Saint-Nicolas ».

Pour célébrer l’événement, le successeur de Mgr Fournier, Mgr Jules le Coq, en accord avec le recteur de la basilique l’abbé Roy, dans un contexte politique difficile dû aux lois laïques de la Troisième République, a organisé un grand Triduum pour fêter le nouveau statut de Saint-Nicolas, qui culmina le 26 octobre 1882 avec une cérémonie grandiose en présence de l’archevêque de Tours, des évêques de Vannes, de Luçon, de Seez, de l’évêque auxiliaire de Port-aux-Princes et de l’abbé de Solesmes.
Dans le même temps, le Souverain Pontife accordait les privilèges dûs aux basiliques, notamment les trois insignes les caractérisant :
le « Conopaeum », le « Tintinnabulum » et la « capa magna » pour le clergé. Enfin pour signifier son attachement à la papauté, Saint-Nicolas se trouva affiliée à l’une des 4 basiliques majeures de Rome : Sainte-Marie Majeure, permettant ainsi aux nantais d’en obtenir les biens spirituels afférents.

       

C’était l’affirmation de la vitalité du catholicisme nantais.

A cet évènement qui fera date, il faut rattacher l’année suivante le 23 octobre, l’inauguration solennelle du tombeau de Mgr Fournier en présence également de plusieurs évêques et dans un climat politique de plus en plus tendu.

Père Loïc Le Huen
NDN 28