C’est la rentrée des classes, Marie conduit ses enfants à l’école Notre-Dame de Bon-Port. Elle rejoint un groupe de mamans qui discutent. L’une d’elle s’inquiète : « Il nous manque des catéchistes cette année, on ne peut pas démarrer… !». Marie se souvient très bien de ce moment et de l’endroit car la plainte de cette maman catéchiste a raisonné pour elle comme un appel.

C’était il y a neuf ans. « Il se trouve que je venais de vivre un énorme renouveau dans ma foi. J’avais vraiment envie de transmettre, mais en même temps je m’en sentais incapable. Je me suis quand même lancée en me disant que j’allais prendre le temps de travailler avant. » Marie avoue : « j’étais hyper stressée aux premières séances. Je redoutais la moindre question. Je priais l’Esprit Saint. Il m’a bien écouté, il m’a bien aidé. »

Tous ces temps de préparation ont donné à Marie le vocabulaire de la foi qui lui manquait. « La catéchèse m’a énormément nourrie. Ça été une opportunité car j’avais soif de connaître. » Aujourd’hui, elle continue de voir l’importance de la préparation en amont : « J’ai l’impression que plus on passe de temps à préparer les séances, plus les fruits sont grands, et puis, on arrive plus serein et les enfants le sentent ». Il y a aussi une question de méthode « La catéchèse du « Bon Berger » nous fait cheminer intérieurement. Souvent j’ai hâte de vivre la séance avec les enfants. J’ai le sentiment de leur apporter un cadeau. »

Neuf ans après, Marie n’a pas perdu son enthousiasme. Elle ne fait pour autant pas l’impasse sur les difficultés. « Ce n’est pas toujours évident. Il y a parfois des problèmes d’autorité, ou bien, il arrive que l’on quitte la séance en se disant : qu’est-ce qu’ils ont retenu cette fois ci !? Mais dans ce cas je me demande ce qui a été positif et qui me fait dire que j’ai bien fait de venir. Je trouve toujours quelque chose ».

Cet engagement dans la catéchèse, pour Marie, est une joie – celle d’être avec les enfants, de les voir s’émerveiller, remercier le Seigneur – mais aussi un devoir : « Ces enfants sont des petits hommes et des petites femmes en construction. Si on ne leur propose pas Jésus, on ne leur donne pas tout ce qu’il faut pour qu’ils réussissent leur vie. Ce ne serait pas juste de les priver de cette chance ! »

Marie sait de quoi elle parle. Elle a découvert cette grâce de la foi à travers un moment d’épreuve : la maladie puis la mort de son père. Comme elle avait toujours vu son père s’appuyer sur Dieu, et notamment dans les épreuves, elle s’est dit qu’elle allait faire comme lui. Elle expérimente alors la présence de Dieu à ses côtés : « C’est la période la plus triste de ma vie parce que je voyais mon père partir, mais en même temps, la période la plus lumineuse parce que le Seigneur était avec moi et me donnait sa force. » Un jour Marie ose en parler à son père et lui dit : « papa, c’est quand même chouette quand on vit quelque chose de difficile, le Seigneur est là… » et lui de lui répondre : « c’est quand même dommage d’attendre d’avoir des problèmes pour aller vers Lui ! »

■ Sœur Marie-Anne