Portraits et Témoignages

Articles tirés du journal NDN

Clair et Michel : partis marcheurs revenus pèlerins

 

 

Depuis 7 ans, Claire et Michel ont pris plusieurs fois les chemins de Saint Jacques de Compostelle pendant trois semaines l’été. En août prochain, ils espèrent arriver au but.

Tout a commencé en juillet 2010. Lorsqu’ils ont pris la route entre Tours et Saint Jean d’Angely avec une charrette pour y installer leurs 3 enfants Sixtine, 7 ans, Flavie, 2 ans et Montfort, 6 mois, d’aucuns les ont pris pour des fous ! En 2012, Barthélémy avait pointé le bout de son nez pour continuer cette aventure avec eux jusqu’à Dax. Après une pause, la route s’est poursuivie en 2016 avec Théonille et Philippe, nés entre-temps, avec pour objectif le passage de la frontière espagnole.

Le couple ne saurait clairement exprimer les raisons du premier départ, mais forts de cette expérience ils assurent aujourd’hui « être partis comme marcheurs et revenir comme pèlerins ». Ce qu’ils ont vécu se lit sur leurs visages rayonnants lorsqu’ils racontent les vraies sensations vécues dans les joies comme dans les peines. Les difficultés physiques sont compensées par le ressourcement puisé dans le rythme en harmonie avec la nature. Les souvenirs des années passées demeurent vivaces. Les parents savent combien ce chemin est difficile, ils sont parfois épuisés, il faut gérer les enfants et leur fatigue… et pourtant aucun souvenir de disputes ne remontent à leur mémoire. L’an dernier, Montfort et Flavie n’avaient respectivement que 6 et 8 ans, leurs parents expriment combien l’un se trouvait heureux de marcher en liberté sur le chemin pendant que l’autre apprenait le goût de l’effort et faisait déjà preuve d’une grande endurance. Sixtine, quant à elle, est heureuse de pouvoir participer avec la famille malgré son handicap. Elle aussi trouve les ressources pour aller au bout en surmontant les difficultés. Claire apprécie ce temps unique avec chacun des enfants, dans la marche elle se trouve entièrement disponible pour parler en profondeur avec ses grands. Michel approuve : « En famille, on fait corps. On voit la même chose au même moment. On vit des choses simples et essentielles. On découvre les qualités de l’autre. On chante. On loue la Création. ». Les parents stimulent et encouragent la troupe et tous offrent leurs efforts souvent dans la prière simple du chapelet.

Les grâces reçues sur le chemin sont innombrables. Au cours des semaines de pèlerinage, la famille a vécu de nombreux « clins Dieu ». Comme ce jour où les pèlerins prennent un départ très matinal sans vivres. La route est longue et la fatigue commence à se faire sentir. Ils prennent une pause dans un village en Espagne. Une femme sort à cet instant de chez elle avec un baluchon rempli de yaourts et de fruits pour tous. Ailleurs, Michel et Claire se remémorent encore cet homme qui accueille le couple avec leurs 6 enfants à bras ouverts en criant « Miraculo, miraculo ! ». Les familles ne sont pas si nombreuses sur le chemin. Plusieurs fois, le gîte sur le chemin n’était pas en capacité de les accueillir et ils ont dû continuer la route, déçus et épuisés. Mais à chaque fois, c’était pour une meilleure solution. El Camino, c’est aussi une école de solidarité entre pèlerins, « on y apprend à vivre en dépendance avec les autres parce que nous sommes bien souvent vulnérables ».

En juillet prochain, ultime étape au départ de Burgos pour rejoindre Santiago : 506 kilomètres, 5 semaines ! Ils comptent terminer leur aventure commencée il y a maintenant 7 ans. Michel, Claire et leurs enfants emportent un peu la paroisse sur le chemin de Saint Jacques.

Catherine Morio
NDN 9 – Eté 2017