Mgr Denys Affre, L’archevêque des barricades !

«5, rue Affre» ! C’est l’adresse qui vous sera indiquée si vous devez vous rendre à l’accueil principal de la paroisse… Affre ? Quelle dénomination étrange ! On se serait plutôt attendu, pour l’adresse du presbytère, à «place de l’église» ou «rue de la basilique Saint-Nicolas» !
«Affre» ! Il s’agit de Monseigneur Denys Affre, le 126ème archevêque de Paris.
Mais pourquoi donner à une rue de Nantes, le nom de celui qui fut archevêque de Paris entre 1840 et 1848 ? Il convient d’abord de rappeler qui est Mgr Affre.

Originaire du Rouergue, il est ordonné prêtre en 1818, il est sacré archevêque de Paris le 6 août 1840.

Dans l’exercice de cette charge, Denys Affre se signale par sa préoccupation pour l’évangélisation du prolétariat et l’attention qu’il porte aux questions sociales.

En juin 1848, la France connaît une forte insurrection ouvrière. A Paris, du 23 au 26 juin, les combats causent 4.000 morts parmi les insurgés et 1.600 dans les forces de l’ordre. Le 23 juin, 20.000 ouvriers descendent dans la rue et forment plusieurs centaines de barricades. Au fil des jours, la situation s’envenime. Mgr Affre croit que sa présence près des barricades peut être un moyen de ramener la paix. A ceux qui le mettent en garde contre les dangers qu’il court, il répond « Ma vie a peu de valeur, je la risquerai volontiers. » Le 25 juin, les tirs ayant cessé à sa demande, il apparaît, en habit d’évêque, sur une barricade, accompagné par ses deux vicaires généraux, dont Antoine Jaquemet, futur évêque de Nantes.

Mais à peine a-t-il prononcé quelques mots qu’un coup de feu relance les hostilités. C’est alors que l’archevêque est touché dans le dos vraisemblablement par une balle perdue. Évacué en urgence, il meurt le 27 juin, vers 4 h 30 du matin. Ses dernières paroles furent une citation de l’Évangile de Jean suivie d’un appel à la paix : « Le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis, que mon sang soit le dernier versé ».

Devenu évêque de Nantes en 1849, Mgr Jacquemet, fera nommer la rue qui longe par l’Est, la toute nouvelle église Saint-Nicolas, du nom de celui qui l’avait marqué, à qui il était très attaché : Mgr Affre !

Père Loïc Le Huen
NDN 26