« Soyez dans la joie »

Dimanche 10 mars 2024

Tout comme le troisième dimanche de l’Avent, dit de Gaudete, le quatrième dimanche du Carême, dit de Lætare, marque une pause joyeuse dans le temps liturgique. L’antienne d’ouverture de la messe de ce dimanche 10 mars commence en effet par la phrase latine : « Lætare Jerusalem: et conventum facite omnes qui diligitis eam: gaudete cum laetitia » ; « Réjouis-toi, Jérusalem, et rassemblez-vous, vous tous qui l’aimez. Soyez dans la joie et l’allégresse, vous qui étiez dans la tristesse ». Cette phrase, tirée du livre d’Isaïe (Is 66,10-11), rappelle qu’après le retour de l’Exil, le peuple connut en Israël une période de marasme économique. Les plus entreprenants des Israélites, qui étaient bien établis à Babylone, étaient peu pressés de rentrer au pays ; le retour fut donc surtout celui des pauvres qui n’avaient pas prospéré en exil. C’est d’abord pour eux que retentit l’appel : « Réjouis-toi, Jérusalem… ».Mais l’enthousiasme du retour à Jérusalem est retombé et a fait place au découragement. Le pays est à reconstruire. A ceux qui doutent, le prophète répond en invitant d’abord à la joie. Et le motif de la joie, c’est le salut que Dieu va opérer. Mais ce salut n’est ni une négation de la souffrance endurée ni un papier brillant pour cacher la misère. Le salut de Dieu trouvera son ultime acte sur la Croix et lors de l’exultation que nous chanterons dans la nuit de Pâques par l’Exultet : « Exultez de joie voici la lumière, exultez de joie Christ est ressuscité ! »Ainsi, pendant le carême, nous ne demandons pas une joie éphémère ou superficielle, mais nous demandons de croire qu’une joie authentique est possible. Car avant d’être un état d’esprit qui ne dépendrait que de nous, la joie est surtout un fruit de l’amour de Dieu. Pour les chrétiens, la joie n’est donc pas le résultat d’une vie facile et sans difficultés, ou quelque chose lié à des changements de circonstances ou d’états d’âme, mais une profonde et constante attitude qui naît de la foi en Jésus Christ  « afin que notre joie soit parfaite ».À cet égard, notre vie paroissiale est un excellent remède à la tristesse et au repli sur soi. La prière et la vie sacramentelle nous permettent d’être nourris et comblés par l’amour de Dieu, tandis que la vie fraternelle fait grandir aussi notre joie.Du mystère joyeux de l’Incarnation du Sauveur, au mystère glorieux de sa Résurrection, l’ensemble du message chrétien est un mystère de joie et d’allégresse. Dieu vient sauver son peuple et lui offrir sa joie éternelle ! Résolument, avec le Christ, montons à Jérusalem et préparons-nous à célébrer la Pâques du Seigneur. Nous passerons certes par la douleur du Golgotha, mais ce dimanche de Lætare nous oriente déjà vers la joie du tombeau vide ! « Soyez dans la joie et l’allégresse, vous qui étiez dans la tristesse ! »P. Loïc Le Huen, curé +