Le Temps des saints !

Dimanche 14 janvier 2024

Après trente-sept jours de temps exceptionnel nous voici revenus à l’ordinaire des jours. La fête du Baptême du Seigneur ayant clos le cycle des célébrations de l’Incarnation, nous voici revenu dans le Temps ordinaire de la liturgie. Non pas, cependant, comme on fermerait une parenthèse heureuse en la reléguant du même coup dans le champ des souvenirs et, peut-être, de la nostalgie ! Certes, un temps s’est achevé, mais on n’en sort pas indemne, comme s’il ne s’était rien passé. Tout au contraire : on en sort changé et on revient vers l’ordinaire des jours pour vivre ce que j’appellerai volontiers un quotidien requalifié, c’est-à-dire soustrait à sa banalité. Et même si l’on n’insiste pas trop sur le sens péjoratif du mot ordinaire, un temps ordinaire ce n’est pas très stimulant. En effet, on ne peut pas dire que cette période soit très réjouissante : météo maussade et froide, virus hivernaux, menaces géopolitiques… Tout cela peut provoquer en nous tristesse, inquiétude et même découragement. Quand en plus les épreuves personnelles s’accumulent on peut perdre la joie, la paix du cœur, et l’élan de la vie chrétienne. Nous ne sommes pas loin de la routine et donc de l’ennui et de l’envie d’aller voir ailleurs.

Le Missel Romain, qui s’exprime dans son édition typique originale en latin, avant d’être traduit en français, donne à ce temps liturgique le nom plus ouvert de « Tempus per annum », que l’on peut traduire par « Le temps qui court au fil de l’année ». Mais c’est encore un peu passif ce temps qui passe et nous emporte.

Dans son exhortation apostolique « Gaudete et Exsultate », le Pape François veut nous réveiller, nous sortir de l’ennui et de la routine. Rien que son titre nous réveille : « Soyez dans la Joie et l’Allégresse » ! Et il l’explique par une citation de Léon Bloy :
« Dans la vie il n’y a qu’une tristesse, c’est de ne pas être des saints ».

Pourquoi ne pas employer ce temps qui nous est donné, à devenir des saints ? « Nous sommes tous appelés à être des saints en vivant avec amour et en offrant un témoignage personnel dans nos occupations quotidiennes » ; « Dans cette constance à aller de l’avant chaque jour je vois la sainteté de l’Eglise militante » ; « Laisse la grâce de ton baptême porter du fruit dans un cheminement de sainteté ». Et le Pape de nous donner des pistes pour viser la sainteté dans le monde actuel : endurance, patience et douceur, joie et sens de l’humour, audace et ferveur. Tout un programme, ou mieux un état d’esprit. Il ajoute bien entendu l’amour fraternel et la prière, mais notons qu’il ne mentionne pas tenir de beaux discours, ni brandir des bannières. Alors ce temps entre Noël et le Carême pourrait être bien occupé, bien vivant, bien rempli et très riche. Mais Comment nommer ce temps ?

Sans doute : Le Temps des saints !

P. Loïc Le Huen, curé +