Christ-Roi… de la forêt !

Dimanche 26 novembre 2023

Il était déjà là l’année dernière, le grand cerf lumineux, le revoilà posé dans l’axe de l’élégante flèche de la basilique Saint-Nicolas, elle qui « indique aux nantais la direction du Ciel » ! Je l’ai déjà dit l’année dernière, de nos jours, quasiment toute chose à une portée symbolique. Et en cette période préparatoire aux fêtes de l’Incarnation – faut-il le rappeler ?- ce grand cerf n’échappe pas à la règle. Symbole de l’immortalité, de la renaissance et de la résurrection, le cerf est l’une des sources vives du sacré. Très présent dans la tradition chrétienne médiévale, il est l’animal psychopompe (à vos dictionnaires) par excellence, guide envoyé par Dieu, il est celui qui montre le chemin, le conducteur des belles âmes vers les sommets de la sainteté. Pierre de Beauvais, vers 1217, cite ainsi le roi David, dans le psaume 41 : « De même que le cerf désire se plonger dans les sources des eaux courantes, de même mon âme aspire à Toi, mon Dieu.» Avant d’ajouter : « Le cerf fréquente volontiers les montagnes élevées. L’Écriture dit que les grands monts sont les apôtres et les prophètes ; et les cerfs représentent les hommes sages et les fidèles qui, par l’intercession des apôtres et des prêtres, parviennent à la connaissance de Dieu. ». Raban Maur (780-856), abbé bénédictin du monastère de Fulda écrit en 842 : « les cerfs font sortir le serpent de son trou et se guérissent de leurs blessures en mangeant l’origan, ils traversent mers et fleuves en s’appuyant les uns sur les autres. Semblables au cerf sont les hommes saints qui ont le désir de Dieu : ils vont contre le venin du serpent à la source même des eaux, le Christ. ».

Finalement, il finira par symboliser le Christ lui-même. Les hagiographes de saint Hubert ou de saint Eustache, dans les légendes dorées, associent le cerf au Christ, apparu en croix à ces deux saints entre les bois d’un cerf. Considéré par les auteurs médiévaux, comme un symbole de fécondité et de résurrection grâce à ses bois qui repoussent, il incarne l’image d’un animal pur, vertueux, que l’on attribue au Christ au même titre que l’agneau. Ainsi le Christ, sous les traits du « roi de la forêt », le « cerf des cerfs », nous tire de la mort et de la corruption et nous abreuve à la vraie fontaine de vie éternelle, nous guide vers le Royaume !

Alors que nous arrivons au terme de notre année liturgique, qu’il soit de la forêt, des rois ou de l’Univers, nous fêtons le Christ Roi, commencement et fin de toutes choses, le Christ « Alpha et Omega ».

Alors, à chaque fois que nous regarderons le grand cerf vert de la rue Saint-Nicolas, rappelons-nous que fêter aujourd’hui le Christ-Roi, c’est reprendre conscience qu’il est l’origine et le but de notre vie, comme il est le principe et le terme de la création et de l’histoire universelle. Les millénaires de la création, les siècles de l’histoire, les dates qui ponctuent notre existence, chaque instant de notre vie, tout converge vers Jésus, le Fils de la Bienheureuse Vierge Marie, le Christ, Roi de l’univers.

Loïc Le Huen, curé +