Fraternels et Missionnaires

Dimanche 5 novembre 2023

Il y a quelques jours, j’observais un des nombreux touristes qui visitent la basilique Saint-Nicolas. Alors que la messe battait son plein, il fait le tour de la basilique pendant que le prêtre prêche avec brio et que les chrétiens prient avec ferveur, il déambule le nez en l’air contemplant les voutes, les statues, les tableaux, les vitraux et 10 mn plus tard, il ressort comme si rien ne s’était passé. Il aura fait le tour de Saint-Nicolas comme si nous étions invisibles ! Ce qui l’a touché ? Peut-être le grand maitre-autel ? Les voutes de 24m de hauteur ? Le silence majestueux des lieux ? Sans doute ! Mais ce qui est certain c’est que ce n’est pas nous qui l’avons touché ! Nous ? Nous étions comme invisibles, nous ne l’avons pas interpellé, notre présence n’a rien changé à sa visite, mais pire elle n’a rien changé à sa vie.

C’est ce à quoi ressemble notre Eglise aujourd’hui en France, transparente, insignifiante, au mieux un monument historique, un monument qui fait partie de l’histoire du pays, de l’histoire passée, au pire un objet de scandale.

Alors bien sûr, nous y faisons de belles et bonnes choses dans nos églises, dans notre paroisse. Nous nous réunissons, nous catéchisons, nous allons à la messe et tant d’autres choses. Mais est-ce que cela change notre vie ? Est-ce que cela change la vie de nos contemporains ?

Notre touriste de tout à l’heure, celui qui a fait le tour de la basilique le nez en l’air, celui que nous n’avons pas accueilli (pas su, pas pu accueillir), que faisons-nous pour lui ? Allons-nous continuer de célébrer la messe chaque dimanche entre nous, tranquillement en espérant que des personnes s’agrègent à notre communauté ; un peu par miracle, un peu par coup de bol, un peu par hasard et ça arrive ? Allons-nous continuer de préparer au baptême, au mariage ceux qui se présentent et les laisser repartir sans rien leur proposer d’autres ? De fleurir, chanter, catéchiser et voir partir les enfants à peine la première communion faite ?

Bien sûr que non, aucun de nous ne le veut. Alors, comment permettre à toutes ces personnes de nous rejoindre lors des messes ? Car c’est là que bat le cœur de notre communauté. Deux « outils » sont à notre disposition : La fraternité et la mission.

La fraternité c’est ce lieu où nous pouvons rencontrer concrètement le Christ dans nos frères en partageant notre foi, en nous aidant les uns les autres à « grandir dans l’amour du Christ. ». Pourtant, même si la fraternité est première, elle se fait surtout par la mission ! Aller rencontrer celui qui est au loin pour l’inviter à faire à son tour cette rencontre qui change tout dans une vie, la rencontre du Christ, Celui qui nous a touchés, Celui pour qui nous sommes là à la messe, Celui que nous aimons, que nous prions, que nous servons : Jésus Christ. Quand nous oublions, négligeons la mission nous risquons de détruire la fraternité, de tomber dans les querelles intestines, mesquines, mortelles pour nous, mais plus encore pour notre communauté, notre Église.  La mission nous ouvre le cœur.

Alors soyons fraternels et missionnaires.

Loïc Le Huen, curé +