Pas d’autre plan !

Dimanches 14 et 21 mai 2023

Dans notre société sécularisée qui perd la mémoire du christianisme, la fête de l’Ascension ne signifie plus grand chose. Comme les autres fêtes, elle n’est plus que l’occasion d’un congé : « le pont de l’Ascension », 4 jours pour s’offrir un surplus de détente. Et d’ailleurs comment croire aujourd’hui que Jésus se soit élevé dans les airs ? Légende de nos ancêtres trop crédules ? Alors, que signifie l’Ascension de Jésus ? Le cardinal Etchegaray rapporte cette belle histoire qu’un moine d’Orient lui avait contée.

« Le Christ ressuscité, après Pâques, était en train de monter au ciel, il baissa les yeux vers la terre et la vit plongée dans l’obscurité, sauf quelques petites et modestes lumières sur la ville de Jérusalem. En pleine Ascension, il croise l’Archange Gabriel qui lui demande : Quelles sont donc ces petites lumières, Seigneur ? Jésus répond : Ce sont les apôtres groupés autour de ma mère. Et mon plan, à peine rentré dans le ciel de mon Père, est de leur envoyer l’Esprit-Saint pour que ces petits feux deviennent un grand brasier qui enflamme d’amour la terre entière. L’Archange, un peu perplexe, se permet de questionner : Seigneur, que ferez-vous si ce plan ne réussit pas ? Après un instant de silence, le Seigneur réplique : Je n’ai pas d’autre plan ! »

Ainsi l’histoire du monde était suspendue, non aux ambitions des hommes politiques, à la puissance des armées, à la splendeur de la culture, aux progrès des sciences, mais à ce petit groupe d’hommes et de femmes pauvres et terrorisés, enfermés dans le cénacle à Jérusalem.

Ils n’avaient pas d’argent, pas de relations, pas de comptes en banque, pas de diplômes. Au contraire, les autorités qui avaient fait condamner et exécuter leur Maître, les gardaient à l’œil, prêtes à réprimer toute tentative de soulèvement.

Pourtant, en moins de 25 ans, ils vont réussirent à fonder des communautés non seulement en Israël mais en Egypte, en Mésopotamie, comme en Asie Mineure (autour d’Ephèse), en Macédoine (Thessalonique, Philippes), en Grèce (Athènes, Corinthe), et jusque dans la capitale de l’Empire, Rome.

A la fin du 1er siècle, on avait arrêté, torturé puis mis à mort les premiers apôtres mais l’élan missionnaire s’activait et l’Evangile avait atteint l’Afrique du Nord (Carthage et Hyppone) et la Gaule (Marseille, Lyon). Partout des petites communautés naissaient, foyers de lumière qui brillaient au sein des métropoles et des campagnes, apportant la joie de la Bonne Nouvelle.

A l’Ascension, grande fête de l’Espérance, reprenons conscience que nous sommes faits pour « monter », pour aller au ciel avec le Christ. Car, encore aujourd’hui, « Jésus n’a qu’un plan » : celui qu’il a confié à ses premiers apôtres et qu’ils ont transmis à leurs successeurs. Nous ne pouvons rien faire d’autre que recevoir d’eux la flamme de l’Evangile, l’entretenir et la transmettre.

Loïc Le Huen, curé +