« Heureux les artisans de paix,  ils seront appelés fils de Dieu ».

Dimanche 13 novembre 2022

Comme tous les 11 novembre, nous fêtons saint Martin, apôtre des Gaules, mais nous faisons aussi mémoire de l’armistice de 1918. Ainsi en ce jour nous sommes appelés à nous souvenir de tous les combattants de la première guerre mondiale.

Il est bon de faire mémoire de ces hommes de Nantes et de toute la France, de nos familles, qui ont courageusement combattu pour leur pays. Il est bon de faire mémoire de tous les soldats morts pour la France ; ceux d’hier et ceux d’aujourd’hui.

Il est aussi nécessaire de tirer les leçons de l’histoire, de prier et d’agir pour la paix et la justice. Les évènements passés et actuels nous enseignent que les injustices contribuent grandement à déstabiliser le monde et à susciter les guerres ; or les racines de l’injustice et de la guerre sont dans le cœur de chacun. Tous, nous sommes responsables de la paix et de la justice dans notre entourage, dans notre paroisse, dans notre pays, dans le monde entier. Tous, nous avons à nous engager, par un effort constant, à devenir des affamés et assoiffés de la justice, et à construire la paix.

Pourtant nous constatons aujourd’hui une recrudescence des peurs et des violences, tant à l’intérieur de notre société que dans le monde. Tant de gens aujourd’hui sont troublés, apeurés, inquiets devant les évènements violents qui émaillent de plus en plus l’actualité, et face à l’évolution du monde qui semble ne pas pouvoir être maîtrisée.

Oui, le monde d’aujourd’hui a changé ; il est perçu désormais comme dangereux. Ces ondes de choc nous arrivent presque quotidiennement par les médias.

Or la peur est toujours mauvaise conseillère. Les nations se sont précipitées dans la guerre en 1914 et à nouveau en 1940, en partie parce que certains leaders populistes ont su instrumentaliser cette peur, les frustrations, et la haine de l’autre présenté comme un ennemi, afin d’enfermer les masses dans une logique guerrière.

L’humanité est-elle condamnée à revivre ces cauchemars ? Je ne le crois pas. En effet, il y a toujours eu à chaque époque, des hommes, des femmes qui ont résisté à ces processus de déshumanisation. Leur arme est la seule force de l’Esprit ; leur voix appelle à réparer les fractures sociales et économiques, à dénoncer les systèmes fondés sur l’injustice, pour construire une nouvelle solidarité qui désamorce le cycle de la violence au profit de la paix.

C’est donc l’heure de la mobilisation, c’est l’heure de relever courageusement les défis et de combattre pour la justice et pour la paix, en suivant le chemin que nous propose le Christ. Il n’est pas temps de se replier sur soi égoïstement, mais au contraire, il nous faut vaincre nos peurs, aller à la rencontre de l’autre, cultiver le respect de chacun et de ses droits inaliénables, chercher le Bien Commun dans l’humilité et la vérité.

Ceux qui s’engagent dans ce combat sont les vrais descendants de nos valeureux soldats. « Heureux les artisans de paix, ils seront appelés fils de Dieu ».

P. Loïc Le Huen, curé +