Un don et un cap !

Dimanches 23 et 30 octobre 2022

Toussaint ! Pour certains de nos contemporains, cela n’évoque rien, sinon les vacances qui arrivent heureusement au milieu d’un long trimestre scolaire. Pour d’autres, ce nom évoque les chrysanthèmes, les pas dans les allées des cimetières, le brouillard et les feuilles mortes. Une odeur de tristesse et de mort, alors que la Toussaint est la fête de la victoire de la Vie !

Certes, l’actualité nous le rappelle chaque jour, l’humanité semble gémir sous les griffes de la souffrance, pleure ses échecs continuels, semble se débattre dans l’absurde avant de glisser vers un anéantissement inexorable. Or, la Toussaint proclame que cette impression est fausse. Si les hommes semblent se haïr, se font la guerre, semblent irrémédiablement perdus, et même si l’Église du Christ semble chuter inexorablement au gré des scandales qui la souillent, Dieu parvient à conduire les hommes à leur accomplissement. La Toussaint est une fête de l’Espérance, un encouragement à la conversion et à la fraternité.

Dans notre Église catholique, le mot saint nous semble, malheureusement, réservé à des héros intrépides, des champions ascétiques et mystiques tellement extraordinaires qu’ils apparaissent comme des êtres d’une autre espèce que nous, quasi inimitables.

Pourtant, les premiers chrétiens s’appelaient entre eux « saints ». En se convertissant à la foi nouvelle, les baptisés s’engageaient à changer de comportement, à adopter le mode de vie tel qu’il était prescrit et détaillé dans les Écritures. En effet, dans l’Ancien Testament Dieu avait ordonné à tous les croyants « Soyez saints car Je suis Saint », et dans le Nouveau Testament Jésus avait radicalisé ces mêmes exigences.

Saint Paul écrivait aussi : « La volonté de Dieu, c’est que vous viviez dans la sainteté »      (1 Th 4, 3).

Dans toutes ses lettres, il exprimait des reproches et des remarques sévères aux communautés : tout n’était pas parfait, la charité manquait souvent, il y avait du laisser-aller. Mais cela n’empêchait pas Paul de considérer ses frères et sœurs comme des saints(es).

Ainsi la sainteté est un don reçu au baptême en même temps qu’un cap à suivre au quotidien. Le chrétien, par son baptême, est saint, par sa vie, ses décisions, sa fidélité, il devient saint.

La sainteté n’est donc pas réservée à un peuple, à une classe, à des initiés… : elle peut naître et se vivre en tout pays, à toute époque. Elle crée la communion finale de l’humanité enfin unie. Le concile Vatican II nous dit  qu’elle « est la perfection de la charité ».

La Sainteté met l’homme debout, fier, droit, elle est libération. À chacun de discerner son propre chemin vers la sainteté. Sainte et belle fête à tous.

P. Loïc Le Huen, curé +