Un ordinaire extraordinaire !

Dimanche 9 janvier 2022

Après le violet de l’Avent puis le blanc des fêtes liées à la Nativité du Seigneur, nous allons dès lundi retrouver le « vert » du temps ordinaire.

On qualifie, en français, d’« ordinaire » ce temps liturgique qu’en latin on appelle « per annum », c’est-à-dire « au long de l’année ». J’avoue préférer ce dernier qualificatif, non par je ne sais quelle coquetterie de langage, mais parce que je vois un risque, lorsque l’on emploie le terme « ordinaire », celui de déprécier le temps qu’il désigne. Or, une période si longue de l’année liturgique (34 semaines tout de même) pourrait-elle être dévaluée, alors que, comme dans les grandes fêtes, les mêmes mystères du salut y sont célébrés – certes de manière moins solennelle ?

L’usage vénérable qui fait précéder le millésime de chaque année de l’ère chrétienne des deux lettres « A. D. » (pour « Anno Domini », soit en français « en l’année du Seigneur ») est significatif : depuis que le Verbe s’est fait chair, l’éternité est venue habiter le temps, faisant à jamais de l’histoire humaine une « histoire sainte » au sens fort. Quoi de plus extraordinaire ?

En outre, chaque jour du temps ordinaire, la messe est célébrée, actualisant l’unique sacrifice du Christ et sa victoire sur la mort. Là encore, rien d’ordinaire, chacun en conviendra.

Enfin, si le vert est adopté dans la liturgie du temps « per annum », c’est évidemment par allusion à l’espérance qui doit y être entretenue. Cette espérance, fondée sur les promesses du Seigneur, nous met sous les yeux la perspective potentiellement imminente du glorieux retour du Christ. Pas question, dans ces conditions, d’envisager le temps « en vert » comme une longue pause entre le temps de l’Epiphanie et le Carême, puis entre Pentecôte et l’Avent.

Si toutefois l’on persévérait à vouloir user de l’expression « temps ordinaire », qu’on se souvienne des paroles merveilleuses de sainte Thérèse de Lisieux : « Jai choisi lamour du Seigneur dans chaque chose « ordinaire », alors je mettrai tout mon cœur à les rendre extraordinaires ».

P. Loïc Le Huen +