Ne nous quitte pas !

Dimanche 17 mai 2020

Le chrétien a les pieds sur terre et la tête tournée vers le Ciel. La fête de l’Ascension nous renvoie bien cette image des apôtres qui regardent le Christ s’élever vers le Ciel. Oui, nous sommes en équilibre entre le désir du Ciel, de cette vie future avec Dieu et la nécessité de nous engager dès maintenant au cœur de ce monde.

D’ailleurs, en 1958, le peintre Salvador Dali a réalisé une représentation originale de l’ascension du Christ. Quand les peintres classiques représentent la scène c’est avec un regard extérieur, Dali propose de regarder l’ascension à travers les yeux des apôtres.

Nous avons donc 10 jours pour prendre conscience de l’étrangeté de ce temps de l’Ascension. En effet, cohabite dans cette période, à la fois la fête de ce Christ qui part nous préparer une place auprès de son Père et notre Père, et en même temps le drame de la solitude et de l’absence. Quarante jours après la passion, la mort et la joie de la résurrection, Jésus impose à ses apôtres une sorte « d’ascenseur émotionnel » : c’est-à-dire l’alternance de grandes joies et de grandes tristesses.

Pendant 10 jours ils vont attendre sans savoir ce qu’ils vont recevoir, ayant pour seule promesse « un autre défenseur ». Ayant pour unique modèle, la foi confiante de Marie. Dix jours pour se préparer à recevoir l’Esprit Saint.

Cet Esprit, qui vient du Père et du Fils, et qui a accompagné le peuple hébreu à travers le désert. Il a parlé par les prophètes. Il a couvert Marie de son ombre. Il témoigne du lien entre Jésus et le Père au moment du Baptême dans le Jourdain. Ultimement,  l’Esprit Saint descendra sur les apôtres au jour de la Pentecôte pour continuer son œuvre par l’Église.

Mais même en sachant tout cela, nous avons du mal à nous réjouir du départ du Christ.

Pourtant, en montant au Ciel, Jésus entre pleinement dans la Gloire de Dieu. Il devient le « Roi de gloire devant qui s’émerveillent les anges: il s’élève au plus haut des cieux, pour être le Juge du monde et le Seigneur des seigneurs, seul médiateur entre Dieu et les hommes. » (Préface de l’Ascension). Comment ne pas nous réjouir de ce règne messianique qui s’inaugure par son Ascension et qui n’aura pas de fin.

Jésus ne nous quitte pas !

Il nous a promis qu’il serait avec nous tous les jours jusqu’à la fin du monde (Jn 28, 16). Et notre foi, nous dit qu’il est présent, aujourd’hui, différemment. Il n’est plus dans un lieu précis comme avant l’Ascension. Aujourd’hui, il est présent auprès de chacun d’entre nous, en tout lieu et en tout temps. Il est présent dans les sacrements, et plus particulièrement dans l’Eucharistie. Il est présent également auprès de ceux qui prient. Jésus, par son Ascension et par le fait qu’il demeure auprès de nous, nous permet déjà de participer à la gloire auprès du Père.

Soyons alors dans la joie. Joie de savoir qu’il intercède pour nous, joie de savoir qu’il demeure près de nous, joie de savoir qu’il nous envoie pour la mission. Certes nous sommes encore sur la terre, mais « pourquoi rester là à regarder vers le ciel ? ». « Allez de toutes les nations faites des disciples », évangélisez là où vous êtes, selon votre vocation propre, vos capacités. Que Dieu mette en nos cœurs un grand désir de vivre avec le Christ ressuscité afin de porter son message « jusqu’aux extrémités de la terre ».

Loïc Le Huen +