Les signes de croix…

« Mon père, à quel moment dois-je faire un signe de croix pendant la messe… ? » Cette question m’est posée régulièrement. Au moment d’entrer dans l’église, certains se signent, après avoir trempé la main dans un bénitier… mais d’autres non. Pendant le chant d’entrée, quelques-uns se signent au passage de la croix de procession ; d’autres au moment du rite pénitentiel, alors que le prêtre prononce la formule d’absolution – lui-même faisant parfois ce même geste… mais pas toujours… Il y a encore l’invitation liturgique au début de l’évangile – la plupart se signent le front, les lèvres et le cœur tandis que d’autres tracent un unique grand signe de croix sur le corps. Au terme de l’homélie, certains, encore se signent… Quant au prêtre, à l’offertoire ou dans la prière eucharistique, on l’aperçoit parfois se signer… mais faut-il l’imiter ? Comment s’y retrouver ?

Signe de croix furtif ou déployé, mécanique ou habité ; discret ou démonstratif… La croix est pour les chrétiens le signe de l’Amour donné jusqu’au bout. Christ a posé son corps sur la croix. Nous-mêmes nous avons cette possibilité de tracer la croix sur notre corps. Ce geste est l’expression de notre attachement au Christ. L’expression visible d’une amitié personnelle. Un acte de foi.

Dans les indications du missel romain, mise à part la salutation liturgique d’ouverture, l’invitation à écouter l’évangile et la bénédiction finale, on ne trouve aucune autre consigne de faire un signe de croix.

D’où viennent alors ces gestes que quelques-uns font ? Essentiellement, du besoin de notre corps de « parler ». La plupart de nos signes de croix ont une explication historique. Au moment de la réforme liturgique du concile Vatican II, les rédacteurs du nouveau missel ont voulu que la liturgie soit animée d’une « noble simplicité ». Beaucoup de rites ont été épurés, simplifiés. Dans la messe « d’avant le concile » – que l’on appelle aujourd’hui la forme extraordinaire – la liturgie est davantage marquée par une influence orientale : le corps a une place plus importante dans la prière : on se signe souvent ; écho des « métanies byzantines ». La répétition n’est pas forcément le rabâchage ; nous aimons répéter ce que nous aimons…

Suivant notre tempérament – introverti ou extraverti ; rigoureux ou artiste – suivant notre histoire et notre éducation, nous consentons plus ou moins facilement à suivre à la lettre les indications du missel… L’unité n’est ni le « caporalisme », ni l’individualisme. N’ayons crainte de laisser parler notre corps, s’il exprime notre désir d’être uni à la croix du Christ !

■ Père Sébastien