Le doudou de Bérénice
Dimanche 7 janvier 2018

La période de Noël et les premières semaines du temps ordinaire nous conduisent à méditer sur le réalisme de « l’incarnation », deuxième grand pilier de notre foi avec la résurrection.

Au retour d’une mission Appolo qui l’avait conduit sur la lune, James Irwin, astronaute américain, s’est exclamé devant un journaliste : « c’est incroyable de penser que l’homme a marché sur la lune. C’est encore plus incroyable d’affirmer que Dieu a marché sur la terre ! » Le réalisme de l’incarnation, c’est cela ! Dieu s’est approché de l’humanité au point de partager sa condition. Ce réalisme demeure encore aujourd’hui. Dieu continue de rejoindre nos existences dans ce qu’elles ont de plus concret. Le totalement divin dans le pleinement humain.

Un dimanche d’octobre, lors d’une messe dominicale, l’un des baby-sitters de la garderie est venu faire une annonce inattendue avant la communion : « est-ce-que la maman de Bérénice pourrait apporter son doudou ? ». Bérénice, inconsolable réclamait en effet celui-ci avec insistance ! Annonce providentielle pour nous rappeler que le mystère de Dieu auquel nous portons toute notre attention au cours de la messe vient nous rejoindre dans des choses très concrètes.

D’une messe à l’autre, la célébration que nous avons vécue avec nos frères chrétiens d’Orient mi-novembre dernier nous aide aussi à réfléchir au sens d’un Dieu qui a « pris chair ».

Une irakienne avait confectionné une grande hostie en pain azyme comme c’est la coutume dans son pays. Si les ingrédients sont ceux de nos hosties habituelles – de la farine et de l’eau – la texture de cette hostie était beaucoup plus résistante. Au point qu’au moment de la communion, il a fallu mastiquer longuement « le corps du Christ » pour l’assimiler. Culturellement, nous ne sommes pas habitués. Cette manière de communier nous dit quelque chose de très vrai de l’incarnation : Jésus veut nous saisir tout entier ; nous assimiler en lui et en même temps s’assimiler à nous… cela ne se fait pas sans un « corps à corps ». Il en faut du temps, de la patience, la persévérance pour ne faire « plus qu’un ». Pour que Jésus se rende réellement présent dans notre chair et notre cœur d’homme, vive par notre prière, notre regard, nos mains ; par la charité active qui jaillit de la source baptismale.

En 2018, que la Parole prenne chair en nos vies ! Bonne et Sainte Année !

Sébastien de Groulard+, curé