Un règne de vie et de vérité, de grâce et de sainteté, un règne de justice, d’amour et de paix
Ce dimanche 24 novembre, nous fêtons le Christ Roi de l’univers. Cette solennité, qui marque la fin de l’année liturgique, ouvre les portes de l’Avent comme une préparation à la venue du Christ à Noël, et oriente nos cœurs vers l’espérance de son retour dans la gloire, à la fin des temps. C’est le pape Pie XI qui a institué, en 1925, par la lettre encyclique « Quas primas » cette solennité du Christ Roi de l’Univers, célébrant ainsi la royauté universelle de Jésus-Christ telle qu’elle est annoncée tout au long de l’année liturgique : « Les mystères de la vie de Jésus-Christ commémorés au cours de l’année, trouvent dans la solennité du Christ Roi comme leur achèvement et leur couronnement » (Quas primas, n°19).
Cette fête nous rappelle aussi que notre monde n’est pas laissé à l’abandon telle une coquille de noix flottant sur les flots d’une mer démontée et attendant d’être engloutie par une bourrasque un peu plus violente. Non, l’espérance chrétienne nous rappelle que Dieu est la fin de toute chose et que notre humanité est conduite par le Seigneur. Malgré toutes nos errances, malgré le péché de l’homme et ses fruits amers, Dieu ne cesse de conduire son peuple. Dieu écrit droit avec des lignes courbes, comme dit le proverbe portugais mis en lumière par Paul Claudel.
Avec Jésus et en Jésus, par son Mystère Pascal, la mort a été engloutie et l’Amour est sorti victorieux des puissances des ténèbres à l’œuvre dans notre monde. Mais nous le savons, « le Royaume ne s’accomplira pas par un triomphe historique de l’Église selon un progrès ascendant mais par une victoire de Dieu sur le déchaînement ultime du mal qui fera descendre du Ciel son Épouse. » (Catéchisme de l’Eglise Catholique n°677).
La royauté du Christ dépasse celle des Rois de l’Ancienne Alliance. Elle est, comme le décrit la préface de ce jour de fête, « un règne de vie et de vérité, de grâce et de sainteté, un règne de justice, d’amour et de paix ».
Aussi, le dialogue entre Jésus et Pilate que nous entendrons dimanche dans l’Évangile peut-il surprendre et relever de la querelle politique. Il n’en est rien. Jésus fait peu de cas de sa royauté : elle n’est pas de ce monde et ne ressemble à aucune autre, elle n’est pas force et puissance militaire, mais abandon et confiance. En fait, son témoignage touche à son identité : « Je suis venu pour rendre témoignage à la vérité ».
En écoutant sa voix, nous pouvons tous apprendre à coopérer à l’œuvre de salut que Dieu mène tout au long de l’histoire. Par le baptême, nous sommes associés à sa mort et à sa résurrection et nous participons à sa dignité de prêtre, de prophète et de roi. Dès lors, en chacun de nous, la puissance se convertit en bienveillance et en pardon, la pauvreté, en richesse du service, la fragilité, en force.
Loïc Le Huen, curé +