« Tu es Pierre, et sur cette pierre, je bâtirai mon Église. »

Alors que ce bulletin paraît, peut-être avons-nous déjà un nouveau pape. Peut-être que les cloches de Saint-Pierre ont déjà entonné leur joyeux chant, et la loggia de la basilique a peut-être dévoilé un visage que nous apprendrons bientôt à aimer. Mais peut-être aussi sommes-nous encore dans un entre-deux: ce mystérieux temps du conclave, clos au monde, ouvert à l’Esprit Saint.

Il est rare qu’un peuple aussi vaste que celui de l’Église vive ensemble un silence aussi dense, une attente aussi partagée. Rares sont les événements où les cœurs s’unissent dans la prière, pour demander à Dieu de nous offrir ce qu’il a promis : un Pasteur selon son cœur. Le mot « conclave » signifie littéralement : « enfermés avec une clef ». Mais ce qui s’y joue n’est pas un repli, c’est au contraire un immense appel d’air : celui de l’Esprit Saint soufflant où Il veut, comme au matin de la Pentecôte.

À l’heure où ces lignes sont imprimées, nul ne connaît encore le nom de celui qui sera bientôt « serviteur des serviteurs de Dieu ». Mais ce que nous savons, c’est que l’Église ne s’appartient pas. Elle est conduite, non par la stratégie des hommes, mais par la fidélité de Dieu. Et cette fidélité n’est pas une idée, elle a un visage : Jésus Christ, pasteur éternel, qui ne cesse de donner des pasteurs à son peuple.

Nous ne regardons pas vers Rome comme on suit une actualité politique ou un feuilleton médiatique. Nous veillons comme des croyants qui attendent un signe de Dieu. Nous prions avec la confiance des enfants qui savent que leur Père est à l’œuvre. Et nous croyons, avec cette espérance qui traverse les siècles, que Dieu continue d’écrire son histoire à travers des hommes : fragiles, oui, mais ouverts à sa grâce.

Frères et sœurs, que ces jours soient pour nous l’occasion de renouveler notre amour de l’Église. Non pas une Église rêvée, idéalisée ou parfaite, mais l’Église réelle : traversée de vents contraires et pourtant debout, fidèle à son Seigneur, habitée de la promesse que les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre elle.

Quel que soit le nom qui s’inscrira bientôt dans les annales de l’histoire, que notre premier mot soit un mot de foi : « Tu es Pierre, et sur cette pierre, je bâtirai mon Église. »

P. Loïc Le Huen, curé +

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