« Les antiennes Ô »

Nous approchons, en ce 3ème dimanche de l’Avent, des fêtes de l’Incarnation. Et cette semaine vont apparaître dans notre liturgie les antiennes Ô. Déjà chantées du temps de Charlemagne, les antiennes Ô sont l’une des particularités du temps liturgique de l’Avent. En effet, vers la fin de celui-ci, du 17 au 23 décembre, à l’office des vêpres, le Cantique de Marie, le Magnificat, est introduit, chaque soir, par une antienne qui commence par la lettre O.Elles obéissent à une même structure littéraire : l’antienne s’ouvre avec un titre porté par le « Ô » puis par une litanie de Noms divins qui s’enrichit au fil des jours :
Ô Sapientia = Ô Sagesse,  Ô Adonaï = Ô Seigneur,  Ô Radix Jesse = Ô Rameau de Jessé,  Ô Clavis David = Ô Clé de David, Ô Oriens = Ô Soleil Levant, Ô Rex Gentium = Ô Roi des nations, Ô Emmanuel = Ô Emmanuel.Le corps de l’antienne, en développant l’adresse initiale, donne à contempler Celui qui vient de Dieu et qui est : la Sagesse qui gouverne l’univers avec force et douceur; le Dieu de l’Exode qui libère son peuple; le Rameau de Jessé, dont la Croix se dresse comme un signe devant les nations; la Clé de David, qui ouvre les portes du Royaume; le Soleil de justice, qui illumine tout homme; le Roi de l’univers, dont la royauté va de génération en génération; l’Emmanuel, que Marie va mettre au monde. Cela donne pour chacun des derniers jours de l’Avent :Le 17 : Ô Sagesse, de la bouche du Très-Haut, toi qui régis l’univers avec force et douceur, enseigne-nous le chemin de vérité : Viens, Seigneur, nous enseigner le chemin de la prudence !Le 18 : Ô Adonaï, chef de ton peuple Israël, tu te révèles à Moïse dans le buisson ardent et tu lui donnes la Loi sur la montagne : Viens, Seigneur, nous délivrer par la vigueur de ton bras.Le 19 : Ô Rameau de Jessé, étendard dressé à la face des nations, les rois sont muets devant toi tandis que les peuples t’appellent : Viens, Seigneur, délivre-nous, ne tarde plus.Le 20 : Ô Clé de David, ô Sceptre d’Israël, tu ouvres et nul ne fermera, tu fermes et nul n’ouvrira : Viens, Seigneur, et arrache les captifs établis dans les ténèbres et la nuit de la mort.Le 21 : Ô Soleil Levant, splendeur de la lumière éternelle et soleil de justice : Viens, Seigneur, illuminer ceux qui habitent les ténèbres et l’ombre de la mort.Le 22 : Ô Roi de l’univers, ô Désiré des nations, pierre angulaire qui joint ensemble l’un et l’autre mur : Force de l’homme pétri de limon, viens, Seigneur, viens nous sauver.Le 23 : Ô Emmanuel, notre Législateur et notre Roi, espérance et salut des nations : Viens nous sauver, Seigneur, notre Dieu.Enfin, en remontant de la dernière à la première antienne, si nous prenons chaque première lettre qui suit le O nous obtenons un acrostiche : ERO CRAS, qui se traduit par « Je serai demain ». En effet, joyaux de l’antiphonaire romain, les « Antiennes Ô » nous montrent le mouvement d’abaissement du Verbe de Dieu qui prend chair, comme si cela nous faisait parcourir l’histoire du salut de la Création à l’Incarnation. D’une certaine manière, les « Antiennes Ô » renferment la substantifique moelle de la liturgie de l’Avent.

Loïc Le Huen, curé +

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