L’Église, mystère d’une mère qui enfante

Chaque année, la fête de la dédicace de la basilique Saint-Jean de Latran nous invite à contempler un mystère profond : celui de l’Église, non pas comme une simple institution, mais comme une mère qui enfante dans la foi.

Cette basilique, consacrée le 9 novembre 324, n’est pas seulement la cathédrale de l’évêque de Rome qu’est le pape, mais aussi la « mère et tête de toutes les Églises de la ville et du monde », comme le rappelle le titre inscrit dans la pierre sur son fronton. C’est dire qu’au-delà de l’édifice de pierre, elle est avant tout le signe visible d’une réalité invisible : celui du Corps vivant du Christ, qui donne naissance à des fils et des filles pour le Royaume.

Dans un monde souvent tenté par l’individualisme spirituel ou la foi désincarnée, cette fête nous rappelle que la foi chrétienne naît dans le sein de l’Église. C’est elle qui, par les sacrements, nous engendre à la vie divine. C’est elle qui, par la Parole de Dieu proclamée, nous nourrit et nous fait grandir. C’est elle qui, par la communion au Corps du Sauveur, nous façonne en peuple de Dieu.

Mais enfanter n’est jamais sans douleur. L’Église enfante depuis ses commencements dans les larmes et le sang de ses martyrs, dans les combats de ses témoins à temps et à contretemps, dans la prière silencieuse de ses contemplatifs. Pour reprendre des mots que le pape François nous a rendus familiers, l’Église enfante dans les périphéries, là où la vie semble absente, là où l’espérance semble morte. Elle enfante dans les cœurs blessés, dans les existences fracturées, dans les cris de ceux qui cherchent Dieu sans le nommer.

En dépit des épreuves qu’elle traverse, l’Église ne cesse d’enfanter. Car l’Esprit-Saint la travaille comme une terre féconde. Il la pousse à sortir pour annoncer, servir et aimer. Il fait d’elle une mère toujours jeune, toujours ardente, toujours prête à accueillir.

En cette fête, contemplons l’Église avec gratitude. Non pas comme une vieille institution, mais comme une mère vivante, proche, généreuse. Non pas comme une forteresse, mais comme une maison ouverte. Non pas comme une autorité lointaine, mais comme une mère proche, qui nous enfante à la vie éternelle, à la vie avec Dieu. Rendons grâce !

P. Sébastien Catrou, curé

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