Le Christ Roi, souverain sur la Croix
La solennité du Christ Roi nous invite à contempler un paradoxe : le Roi de l’univers se révèle non pas sur un trône d’or, mais suspendu au bois de la Croix. À première vue, tout semble démentir sa royauté : la dérision des soldats, la couronne d’épines, l’inscription ironique « Roi des Juifs ».
Pourtant, c’est précisément là, dans l’abaissement et la souffrance, que se manifeste la souveraineté du Christ. Car sa royauté n’est pas celle des puissants de ce monde, mais celle de l’Amour qui se donne jusqu’au bout.
Au Calvaire, deux larrons partagent son supplice. L’un l’injurie, l’autre reconnaît son innocence et implore : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume. » Alors, dans un geste de miséricorde souveraine, le Crucifié lui répond : « Aujourd’hui, tu seras avec moi dans le Paradis. » Cette parole est un acte royal : Jésus ouvre les portes de son Royaume à celui qui, dans l’humilité, s’abandonne à sa grâce. Le bon larron devient le premier à expérimenter la victoire du Christ sur le péché et la mort. La Croix, instrument de supplice, se transforme en trône de gloire.
Ainsi, la royauté du Christ se déploie dans le pardon. Il règne en offrant la vie, en accueillant le pécheur repentant, en faisant de la miséricorde la loi de son Royaume. Sa puissance n’est pas domination mais service ; son sceptre est la croix, son diadème est l’amour. En lui, la justice se conjugue à la compassion, et l’autorité se manifeste dans le don total de soi.
Pour nous, disciples d’aujourd’hui, cette royauté est un appel. Reconnaître le Christ comme Roi, c’est accepter de le suivre sur le chemin de l’humilité et du pardon. C’est croire que la vraie grandeur se trouve dans le service, que la victoire s’accomplit dans la miséricorde. Dans un monde souvent fasciné par la force et le pouvoir, l’Évangile nous rappelle que le règne du Christ s’établit dans les cœurs qui s’ouvrent à son amour.
En célébrant le Christ Roi, nous proclamons que la Croix n’est pas un échec mais le sommet de son règne. Là où l’homme voyait la défaite, Dieu révèle la victoire. Et nous, comme le bon larron, sommes invités à accueillir cette grâce : « Aujourd’hui, tu seras avec moi… » Voilà la promesse royale qui nous fonde dans l’espérance.
P. Sébastien Catrou, curé
