« Horloge »
Tandis que j’enchainais les visites de la basilique Saint-Nicolas à l’occasion des journées du patrimoine, il y a une quinzaine de jours, j‘entrainais invariablement les groupes successifs à l’arrière du grand orgue, dans l’ancienne soufflerie où trônent les vestiges monumentaux de la grande horloge de la basilique. Horloge qui rythmait, il y a quelques décennies encore, la vie de la cité. En voyant ce monument, désormais rouillé et grippé, construit à la gloire du temps, un poème de Charles Baudelaire m’est venu à l’esprit : « Horloge ! dieu sinistre, effrayant, impassible, dont le doigt nous menace et nous dit : « Souviens-toi ! » » . Et je me suis fait cette réflexion : L’horloge de nos vies tourne à un rythme infernal « Trois mille six cents fois par heure, la Seconde chuchote : Souviens-toi ! ».
Plus on vieillit et plus le temps semble nous happer, nous aspirer vers une mort à laquelle la plupart d’entre nous ne veulent pas penser, ne peuvent pas penser, trop occupés que nous sommes à bâtir nos petits empires. Mais … tic, tac, tic, tac… « Souviens-toi que le Temps est un joueur avide qui gagne sans tricher, à tout coup ! C’est la loi…Le gouffre a toujours soif ; la clepsydre se vide ». L’horloge tourne à un rythme implacable et notre vie va un jour se terminer. Qu’en restera-t-il ? Il est sans aucun doute très orgueilleux de se poser la question de savoir ce que l’on va laisser sur cette terre. Alors demandons-nous plutôt ce que Dieu attend de nous et que ferions-nous si nous connaissions le nombre de jours ou de mois qu’il nous reste à vivre ? Qu’y aurait-il de plus important aujourd’hui à faire, avant de quitter ce monde ? C’est le Christ qui nous le suggère.
La première chose serait sans aucun doute de faire la paix. La paix avec son entourage, avec soi-même, et avec Dieu. La paix, ce don ultime que le Seigneur nous a donné avant de nous quitter. La deuxième chose serait de pardonner. De savoir demander pardon, savoir accepter le pardon d’autrui, et celui de Dieu lui-même. Ce n’est pas une chose aisée. Pardonner, ce n’est pas oublier. Pardonner c’est passer par-dessus les outrages qui nous ont été faits, que nous avons commis ; c’est se désencombrer du mal qui nous entrave le cœur et qui nous ronge les entrailles.
Après la paix, le pardon, que nous reste-t-il à faire, à vivre, avant de rendre un jour (lointain) notre âme à Dieu ? Aimer.
Aimer avec ce qui nous reste de ce souffle reçu à notre baptême, avant de le rendre, ce dernier souffle, au Père, dans l’Espérance d’être reçu par Lui, tel que nous sommes, en enfant aimé, chéri, pardonné et tellement attendu.
Loïc Le Huen, curé +