« Un enfant nous est né »
« Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière » (Is 9,1). Chaque année, la Nuit de Noël nous fait entendre ces paroles du prophète Isaïe. Elles résonnent comme une promesse ancienne, mais toujours neuve. Isaïe parlait à un peuple éprouvé, marqué par la guerre, l’injustice et la peur. Et pourtant, au cœur de cette obscurité, il annonçait une lumière, un enfant, un prince de paix.
Aujourd’hui encore, nous savons combien ces mots gardent leur force. Notre monde est traversé par des ombres : conflits qui s’éternisent, violences qui déchirent les sociétés, solitude qui ronge les cœurs, crises écologiques qui inquiètent l’avenir. Nous pourrions nous sentir accablés, comme si les ténèbres avaient le dernier mot. Mais Isaïe nous rappelle que Dieu n’abandonne pas son peuple. La lumière se lève, fragile comme un nouveau-né, mais invincible par la puissance de l’amour.
« Un enfant nous est né, un fils nous a été donné » (Is 9,5). Ce verset nous conduit directement à Bethléem. Dans la simplicité d’une crèche, Dieu choisit de se faire proche, vulnérable, solidaire de notre humanité. La paix qu’il apporte n’est pas imposée par la force, mais offerte dans la douceur. Elle ne supprime pas les épreuves, mais elle ouvre un chemin d’espérance.
Pour nous, chrétiens, accueillir cette parole, c’est croire que la lumière peut encore briller dans nos ténèbres. C’est choisir de ne pas céder au fatalisme, mais de devenir artisans de paix, témoins de fraternité, porteurs de joie. La prophétie d’Isaïe nous invite à regarder le monde autrement : non pas comme un lieu condamné, mais comme un espace où Dieu agit, discrètement mais réellement, à travers chaque geste de bonté, chaque acte de justice, chaque parole de réconciliation.
En cette Nuit de Noël, la voix du prophète nous rejoint : « Merveilleux Conseiller, Dieu fort, Prince de la paix » (Is 9,5). Ces titres ne sont pas des slogans, mais des promesses incarnées dans le Christ. Ils nous rappellent que la paix véritable ne vient pas de nos calculs, mais de l’accueil de Celui qui est la Lumière. Alors, que cette fête ravive en nous la certitude que, malgré les ténèbres, la lumière brille, et que rien ne pourra l’éteindre.
P. Sébastien Catrou, curé
