La Croix, signe d’Espérance

Dans une traduction libre de l’hymne Vexilla Regis prodeunt* de Venance Fortunat (VIe siècle), le poète marseillais Jean de la Céppède (presque) tombé dans l’oubli écrit ceci en 1613 :

Les cornettes** du Roi volent par la campagne,
La Croix mystérieuse éclate un nouveau jour
Où l’auteur de la chair, de la chair s’accompagne,
Et fait de son gibet un théâtre d’amour.

Voilà sans doute une approche du mystère de la croix qui, sans nier sa violence et les souffrances de Jésus, cet « auteur de la chair » qui ne s’épargne pas, nous invite à méditer sur l’amour triomphant.

Et n’est-ce pas ce que nous célébrons lorsque nous fêtons le 14 septembre la Croix glorieuse ? L’accent est mis, non pas tant sur la douleur, que sur la lumière dont brille la Croix qui, pour le chrétien, est le signe de l’espérance du Royaume. C’est là ce que désigne notre poète lorsqu’il en fait « un théâtre d’amour ». Non pas que la Croix serait un spectacle réjouissant pour les yeux – elle est un drame – mais par lequel se dit d’une manière que les mots ne peuvent rendre l’amour immense dont Dieu nous aime.

C’est d’ailleurs ce dont témoigne saint Jean dans l’évangile propre à cette fête :

« Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle. Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé » (Jn 3, 16-17).

Ainsi, c’est bien la joie de notre salut que vient célébrer la Croix glorieuse. Un salut sans mérite de notre part, mais qui nous convoque non seulement à la gratitude mais encore à mener une vie digne d’un tel don gratuit et d’une telle espérance en mettant nos pas dans ceux de Jésus pour que nous montrions à ce monde, où règne si souvent le désespoir, qu’un autre chemin est possible. Il passe certes par la Croix, mais il fait triompher l’amour sur la haine, le pardon sur l’offense, la vie sur la mort. À nous d’en témoigner !

Sébastien Catrou, curé +

 * Les étendards du Roi s’avancent, hymne consacrée à la Croix.

** Les cornettes sont un terme vieilli pour parler d’étendards.

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