Embarqués dans l’aventure baptismale

Dimanche 26 mars 2023

Dans la Nuit Pascale, les catéchumènes de notre paroisse, comme ceux de toutes les autres paroisses du diocèse et du monde, vont être baptisés. Les voilà donc embarqués dans l’aventure baptismale, qui n’est pas une croisière ni un voyage d’agrément, mais le périple de toute une vie qui apprend à devenir fidèle, de dimanche en dimanche. Embarqués dans l’aventure baptismale, nous le sommes tous, parce que nul d’entre nous ne tient le gouvernail ni ne dispose d’un GPS reposant et rassurant. La route n’est pas toute tracée d’avance ; au contraire, nous nous hâtons « sur le chemin obscur, non tracé, non indiqué, tout intérieur ».

Cette aventure consiste à entrer dans une histoire au long cours. Bien malin celui qui pourra nous dire où s’en trouve le commencement. C’est Jésus peut-être ? Oui, mais Moïse ? et Abraham, et même Noé, et même avant, pourquoi pas ? Bref une histoire d’une telle amplitude – une histoire qui a du souffle ! – qu’elle est en rupture avec nos habitudes qui inévitablement se répètent avec leur lot de désolations, de fatigues, de lassitudes. Comme cette femme de Samarie : venir chaque jour remplir sa cruche, se faufiler à midi, à l’heure la plus chaude, quand il n’y a personne dans les rues qui puisse nous apostropher ou ricaner, parce que notre vie n’est pas toujours très propre. Comme cet aveugle né : admettre notre cécité, attendre de voir un jour la lumière de la vérité.  Enfin comme Lazare,  attendre de sortir du tombeau de nos misères, attendre de  vivre.

Prendre pied dans cette histoire au long cours pour la traverser, c’est aussi constater que nous n’y sommes pas seuls. Il y a les autres embarqués avec nous, tous ceux dont la Bible nous fait nous souvenir. Souvent admirables de ténacité et d’espérance mais parfois aussi moins glorieux. Simon Pierre et ses compagnons, le cœur sur la main, Joseph l’humble, Samuel l’intercesseur, David le glorieux, Josué le téméraire, et la ribambelle des prophètes de tout acabit, grands et petits, foudroyants ou consolants : tous, même les meilleurs, ont leur face sombre, des abîmes parfois tourmentés, et chacun voudrait bien s’en défaire pour retrouver la lumière, la pureté de la lumière. Car, à l’approche de Pâques c’est la Lumière qui vient à nous, qui désencombre notre regard des écailles qui l’obstruent.

Certes, nous sommes embarqués dans l’aventure, et si nous la tentons, c’est parce que Dieu nous désire d’un grand désir : « Donne-moi à boire », « Crois-tu au Fils de l’Homme ? », « Enlevez la pierre ». Il nous le demande à nous, pauvres créatures de rien du tout ! Et il récidive, quand on a cru pouvoir en finir avec ce grand soleil chargé d’amour, en le clouant comme une chouette sur une porte de grange : « Jai soif. » Et la porte s’est ouverte, la porte du Paradis, la porte de la vérité ; et le Christ en est sorti.

Loïc Le Huen, curé +