Le carême : l’art d’aérer son âme !

Dimanche 14 février 2021

Ce mois de février 2021 est, au moins liturgiquement, intense !

En effet, nous avons vécu, dans la joie, la fête de la Présentation du Seigneur au Temple, quarante jours après sa Nativité très sainte. Et voilà que nous entrons aussi en Carême ! Ce temps qui nous est donné par l’Eglise pour rénover notre relation avec Dieu, le Père, comme avec tous nos frères. Pour y entrer sciemment et librement, sous la conduite de l’Esprit, des efforts de conversion sont à consentir. Dans cet itinéraire, nous trouvons la prière, le partage et la pénitence, qui nous sont indiqués par le Christ dans son Évangile (Mt 6, 1-6.16-18). Mais cette année, un compagnon de route nous est proposé par le Pape François pour traverser cette période privilégiée afin de donner à Dieu davantage de place au cœur de notre vie : Saint Joseph !

« Prier », « jeûner » et « partager » : Trois propositions qui nous sont faites pour suivre ce chemin vers Pâques.

Prier

Nous pouvons nous étonner de voir la prière associée au jeûne et au partage, comme chemin de Carême. Pourtant, elle est pour les chrétiens un chemin essentiel.

Nous vivons en effet souvent, en dehors de nous-mêmes. Nous courons d’une activité à une autre sans nous arrêter (et les horaires du couvre-feu accentuent ce phénomène) avec le sentiment de passer à côté de ce qui est important.

Nous ressentons parfois le besoin d’avoir pour nous du temps libre, gratuit, “perdu”. Notre âme, où est-elle ? Qui sommes-nous ? Que voulons-nous vraiment ? Vers quoi voulons-nous aller ?

Certes, prier c’est difficile. Alors, Arrêtons-nous un instant ! Prenons le temps de la prière. Vivons-la comme un temps de rendez-vous, une rencontre, la meilleure qui soit. Et souvenons-nous que Jésus, parlant de la prière disait : « Pour toi quand tu pries, entre dans ta chambre, ferme la porte, et prie ton Père dans le secret… » (Mt 6,6-7)

Partager

Le partage est un moment fort du temps de Carême. Il se traduit souvent par des collectes à destination d’œuvres de charité diverses.

Mais, me direz-vous, encore un appel au don : nos boîtes aux lettres sont encombrées de missives provenant d’associations caritatives et chacun d’entre nous, dans le secret, ne manque pas d’ouvrir fréquemment son porte-monnaie pour soulager des misères proches ou lointaines.

En réponse à cette objection je dirais que le partage de Carême ne peut se réduire à une simple contribution financière. Partager signifie en effet que l’on donne de son temps, de ses ressources, de son énergie, de ses compétences, bref que l’on partage les dons reçus. Partager, c’est le chemin de conversion que nous prenons avec Jésus, Lui qui donne sa vie pour la multitude des hommes. Le partage de Carême va au-delà d’un engagement individuel; il s’agit d’un témoignage de l’Eglise qui veut traduire en actes et dans la durée l’amour de Dieu pour ses enfants de toutes conditions, de tous pays, de toutes races. Et le concile Vatican II nous rappelle que “Dieu a destiné la Terre et tout ce qu’elle contient à l’usage de tous les hommes et de tous les peuples, en sorte que les biens de la création doivent équitablement affluer entre les mains de tous, selon la règle de la justice inséparable de la charité” (G S 69,1).

Jeûner

Si, pour nos contemporains, le terme semble un peu désuet, le carême est pourtant une période où l’on devrait être « au mieux » de ce qui nous est possible.

Ce n’est pas une remise en cause de nos modes de vie ! Non ! Cela, c’est le 31 décembre et tous les jours de l’année qu’il faut s’y atteler. Le jeûne du carême, c’est se bousculer un peu soi-même. Par exemple, reprendre le chemin de la messe que l’on a un peu oublié, prendre le temps de se replonger dans la Parole de Dieu… Car en étant un peu honnête, nous savons bien que tout cela tient de la théorie, et que, dans la pratique c’est plus difficile. Dans mon enfance, le carême, c’était 40 jours sans bonbons et sans Nutella…(bon peut-être encore aujourd’hui). Mais aujourd’hui, commençons peut-être d’abord par chercher à faire partager le bonheur que nous avons à retourner au Seigneur, et diffusons cette joie dans nos familles, dans nos lieux de travail, dans notre vie associative.

Georges Bernanos écrivait : « Faire Carême, cest remettre son âme à lair. Il lui arrive de demeurer pliée en quatre au fond de larmoire. Elle sy gâte, faute dusage.  Bien des gens rendent leur âme à Dieu sans jamais sen être servis ».

Alors, il nous reste maintenant quelques jours avant le début du Carême pour réfléchir, faire le point et trouver “son carême” personnel en mémoire des quarante jours que le Christ a vécus au désert.

Pour nous permettre de vivre ce Carême en paroisse et dans le contexte sanitaire contraignant que nous connaissons, plusieurs propositions vous sont faites – en plus des messes et offices quotidiens et les visites aux malades et personnes isolées – vous les trouverez dans ce bulletin et sur le site internet de la paroisse.

Toutes ces initiatives nous offrent la possibilité de nous ressourcer, de tisser des liens et même de procurer à chacun de nos frères les moyens, même matériels, de vivre dignement et d’assumer eux-mêmes leur promotion humaine et spirituelle et celle de leurs familles.

Que ces efforts de Carême ne soient pas des pratiques momentanées, mais une attitude d’esprit constante, qui donne une forme durable à notre conversion. La durée liturgique du carême n’est que de quarante jours par an mais, nous, nous devons toujours tendre vers Dieu ce qui signifie nous convertir continuellement.

A tous, bonne aération de votre âme, bon Carême 2021.

P. Loïc Le Huen +