Le Temps des Saints !

Dimanche 17 janvier 2021

La fête du Baptême du Seigneur ayant clos, dimanche dernier, le cycle des célébrations de Noël, nous voici revenus dans le Temps ordinaire de la liturgie, et même si l’on n’insiste pas sur le sens péjoratif du mot « ordinaire », même si la couleur verte des ornements évoque la nature champêtre et le beau temps, un temps « ordinaire » ce n’est pas très stimulant. En effet l’ordinaire est souvent synonyme d’habitudes ennuyeuses. Et l’on n’est pas loin de la routine, de l’ennui et de l’envie d’aller voir ailleurs. Le Missel, qui s’exprime originellement en latin, donne à ce temps liturgique le nom plus ouvert de « Tempus per annum », que l’on peut traduire par le « temps qui court au fil de l’année ». Mais c’est encore un peu passif. C’est le temps qui passe et nous emporte. Cependant, la notion de temps est une notion relative, une notion qui évalue le rythme extérieur de nos journées et de nos relations. Le temps est souvent jugé ordinaire lorsqu’il devient routinier, et pour cela, il ne faut que peu de répétitions pour que ce sentiment apparaisse… le couvre-feu imposé à 18h00 va nous le démontrer encore d’avantage.

Mais alors que faire de cet « ordinaire » ?

Une réponse nous est donnée dans l’exhortation du Pape François « Gaudete et Exultate ». Rien que son titre nous réveille ! Soyez dans la Joie et l’Allégresse ! Et il l’explique par une citation de Léon Bloy : « dans la vie il n’y a qu’une tristesse, c’est de ne pas être des saints ». Pourquoi ne pas employer ce temps qui nous est donné, à devenir des saints ? « Nous sommes tous appelés à être des saints en vivant avec amour et en offrant un témoignage personnel dans nos occupations quotidiennes » ; « Laissez la grâce de votre baptême porter du fruit dans un cheminement de sainteté ». Et le Pape de nous donner des pistes pour viser la sainteté dans le monde actuel : endurance, patience et douceur, joie et sens de l’humour, audace et ferveur. Tout un programme, ou mieux un état d’esprit. Il ajoute bien entendu l’amour fraternel et la prière, mais notons qu’il ne mentionne pas de tenir de beaux discours, ni brandir des bannières. En définitive, le véritable « ordinaire » ne se donne pas de l’extérieur mais bien de la paix intérieure du cœur qui découvre la joie d’une vie ordonnée et orientée. L’ordinaire n’est rien d’autre que le quotidien, dans lequel nous sommes sans cesse immergés ! L’ordinaire est d’abord le temps du Salut, le temps de la conversion et de l’accueil de la grâce.

Ne rêvons pas d’un ordinaire imposé, c’est notre quotidien qui est le lieu ordinaire de notre sainteté !

Alors ce temps après Noël pourrait être bien occupé, bien vivant, bien rempli et très riche. Comment le nommer ?

Sans doute le Temps des saints !                                                                             P. Loïc Le Huen