« Quel Monde voulons-nous ? »

Dimanche 22 septembre 2019

« Nous sommes inquiets pour notre société française et, plus globalement, pour les sociétés occidentales.

Depuis des mois, nous nous sommes exprimés de manières multiples, (…) nous avons rencontré les autorités de l’État. Nous avons cultivé une posture d’écoute et de dialogue. Nous le reconnaissons volontiers : nous avons été entendus et même écoutés avec attention et respect. Mais nous ne pouvons que constater que nos responsables politiques  restent aveugles aux enjeux de ce qu’ils vont décider parce qu’ils sont fascinés par les promesses des techniques médicales.

(…) Nous nous inquiétons lorsque nous constatons que nous ne savons plus faire face aux limites et aux douleurs de la condition humaine qu’en constituant sans cesse des droits nouveaux à exiger. Nous prions pour que la raison l’emporte sur le désir. »

Ces mots sont ceux de Mgr de Moulins-Beaufort, qui, lundi 16 septembre dernier, a livré la position de la Conférence des évêques de France (CEF) sur le projet de loi bioéthique. Et le président de la CEF d’ajouter : « Personnellement, je ne vois pas comment nous pourrions empêcher des citoyens, catholiques ou non, inquiets de ce projet de loi, de manifester s’ils pensent que c’est un moyen utile pour se faire entendre. J’aurais tendance même à dire qu’ils ont le devoir de le faire ». En précisant toutefois :
« nous, l’Église, n’organisons pas la manifestation ». « Ce n’est pas notre manière d’agir ».

Autant dire qu’à quinze jours de la manifestation nationale contre la PMA et la GPA, et six ans après les débats houleux, qui ont laissé des traces, autour du « mariage pour tous », nous sommes, sans doute, prêts à exprimer nos convictions mais, je le crois et l’entends, nous souhaitons éviter de creuser de nouvelles divisions. Que faire alors ? Quelle position adopter ? ̍’In fine’ quelle peut-être la « posture » de notre Église ? Il est certain, comme l’écrivait le cardinal Henry Newman, que l’Église à « le devoir de résister au monde ». Elle est établie dans tous les pays pour s’adresser aux grands et aux petits, à tous les rangs et conditions. Cela afin d’éclairer le discernement et les consciences.

Mais, dit le cardinal Newman, « le monde n’aime pas à recevoir des leçons. L’Église contrarie le monde. Elle se dresse comme un témoin. »

Alors, dans ce « témoignage » à la face du monde, chacun est invité à chercher le meilleur moyen de « résister », par la prière, par le témoignage de sa vie, en allant manifester… Chacun est invité à faire un choix en conscience en se posant cette question : Quel monde voulons-nous ?

P. Loïc Le Huen +