Pierre, invité en prison

Alors que le temps des vacances signifie pour beaucoup changements d’horizons et de rythme, souvent davantage de liberté, ce peut être le moment de penser à ceux qui en sont privés.

Pierre Biehler est séminariste en deuxième année pour le diocèse, présent régulièrement le week-end sur la paroisse Notre-Dame de Nantes. Il y a 18 mois, il a répondu à un appel de l’aumônier catholique des prisons à rejoindre l’équipe des « invités de célébration » au Centre de détention de Nantes. Il présente ce service d’Eglise peu connu : « Les 40 paroissiens engagés viennent de toute la Loire-Atlantique. Nous sommes répartis en équipes de 8 et nous nous retrouvons chacun notre tour le dimanche à la prison. Nous arrivons à 9h30 dans une pièce consacrée aux cultes, aménagée comme une petite chapelle. Nous commençons par une demi-heure de discussion libre avec les détenus présents, souvent une vingtaine d’habitués. Nous parlons de tout. Les premières fois, j’avais un peu d’appréhension, me demandant ce que nous pourrions partager. Je me suis vite rendu compte que certains me parlent spontanément de leur famille, de leurs petits-enfants… Puis vient le moment de la célébration, le plus souvent avec un prêtre, plus rarement une simple « célébration de la Parole ». Là, nous sommes au milieu de nos frères, à leurs côtés. S’ensuit une autre demi-heure de discussion à bâtons rompus avant notre départ.

« Les détenus sont particulièrement sensibles aux petits gestes : nous venons avec les fleurs pour l’autel, certains repartent avec un bouquet pour eux ou pour offrir à leur famille venant les visiter ».

« En réalité, être « invité de célébration », c’est simplement partager un moment ensemble, et en effet c’est eux qui nous invitent à la messe. Il m’arrive d’entendre en partant : « Merci beaucoup d’être venus ! ». Ils sont touchés d’être reconnus comme des personnes, pas comme des détenus ».

« Ce que je découvre personnellement, c’est une grande simplicité dans la relation et un écho à la parole de Jésus : “J’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi.” »

■ Aulde Brochard
NDN 21