Libres pour aimer

Dimanche 17 mars 2019

« Vous n’avez pas reçu un esprit qui fait de vous des esclaves et vous ramène à la peur ; mais vous  avez  reçu  un  Esprit qui fait de vous des fils » (Rm 8, 15). Le carême est ce temps privilégié où nous choisissons de faire des « efforts », pour grandir en liberté intérieure afin d’être davantage donnés au Seigneur et aux autres. Ces derniers jours, des « scènes de vie » que l’on m’a rapportées m’ont révélé cette liberté des enfants de Dieu ; elles m’ont stimulé, encouragé. Je vous les partage.

Ainsi, le récit de ce jeune pro, résidant à la maison Lazare, en colocation avec des personnes sans-abris. Mardi dernier, en rentrant tard après une bonne journée de travail, il tombe sur une personne de la rue qui avait réussi à pénétrer dans le hall d’entrée. Elle s’était installée dans un canapé. Dehors, il pleuvait à verse. La maison Lazare n’est pas organisée pour faire « logement d’urgence ». Il aurait fallu renvoyer cette personne. Mais ce jeune pro, dans un grand sourire, m’a expliqué avec simplicité que compte tenu des circonstances, il était allé chercher un matelas et avait passé la nuit à ses côtés, comme un bon samaritain. Liberté des enfants de Dieu !

Ainsi ce message reçu, il y a quelques jours, d’un paroissien qui souhaitait me partager son émerveillement devant la liberté d’une pauvre femme. Dans son récit, j’ai vu sa propre liberté à reconnaitre son besoin de se convertir… : « un pauvre homme s’est présenté à l’église au moment de l’acclamation de l’Evangile. Vous le connaissez probablement car il vient parfois pendant la messe. Il était hier particulièrement perturbé et ma femme, cherchant à l’apaiser et à laisser les autres profiter de votre homélie, s’est assise avec lui sur le côté. Il était assez peu vêtu malgré le froid glacial régnant dans Saint-Nicolas depuis le début de l’hiver, mais je vous avoue que mon souci premier était qu’il se taise et que je n’avais pas prêté attention à sa tenue. C’est alors que la pauvre femme géorgienne qui était à nos côtés, récemment arrivée en France, s’est levée, a ôté son manteau et le lui a très doucement fait enfiler. Il est ensuite parti sans qu’elle cherche à le récupérer. Quelle merveilleuse illustration de la parabole de la pauvre veuve… elle a vu qu’il avait froid, alors que je n’avais vu que le bruit qu’il faisait. Elle lui a offert son manteau. C’était le seul qu’elle avait. Elle n’avait aucun moyen pour s’en acheter un autre en sortant. Elle ne l’a pas fait pour être remerciée car elle ne l’aurait alors pas fait si discrètement. J’ai été très touché par le geste de cette femme qui n’a rien, et qui a offert le peu qu’elle avait. Quelle belle leçon ! »

Rendons grâce pour le temps béni du carême. Un temps pour affermir notre liberté intérieure… et devenir fous, selon les critères des sages et des savants !

P. Sébastien de Groulard+