Carême : l’endroit du décor

Dimanche 10 mars 2019

 

« C’est le carême » ! Les mots qui viennent alors à l’esprit sont peu enthousiasmants… cendre,  pénitence,  jeûne,  efforts,  péchés  ou chemin de croix…Certes… Mais n’est-ce pas là l’envers du décor ? En cette année 2019, le premier dimanche de carême, nous entendons un extrait du livre du Deutéronome : l’offrande des prémices (Dt 26, 1-10).

Moïse s’adresse au peuple hébreu au terme de sa traversée du désert. Arrivé aux portes de la terre promise, il lui donne quelques consignes pour bien s’établir en cette terre que le Seigneur lui confie. Le peuple est invité à récolter les premiers fruits, les mettre dans une hotte puis à monter à Jérusalem pour les porter au Temple. Ces prémices ne sont pas les meilleurs – les plantes ne sont pas encore à maturité – mais ils en annoncent d’autres ; ils sont gorgés d’espérance !

Et si c’était là la bonne porte d’entrée dans le carême ? Notre histoire, notre personne, notre existence – avec ses talents, ses qualités, ses aspirations profondes – est une terre pleine de promesses. Ceux qui nous sont confiés – un conjoint pour un couple, des patients pour une infirmière, des élèves pour une maitresse d’école – sont eux aussi autant de terres pleines de promesses.

Il y a peu, l’un des futurs baptisés de la nuit de Pâques témoignait devant des parents d’élèves de sa rencontre avec le Christ, il y a quelques mois. Un bouleversement dans une vie traversée par la grisaille. L’expérience d’un amour ; une joie immense et des larmes. Une prière à genoux, dans son bureau, adressée à un Dieu dont il ne connaissait encore ni le nom ni le visage. En relisant sa vie, il a mesuré combien l’amour naturel de ses propres parents – voilà les prémices ! – avait préparé la terre qu’il était… pour que la grâce puisse s’y déverser.

Ainsi donc, au moment où nous entamons notre marche vers Pâques, porter notre attention sur les « prémices » n’est pas anodin. Invitation à reconnaitre et nommer les dons déjà reçus. Ces dons nous rappellent l’existence du donateur. Pendant nos quarante jours de montée vers Jérusalem, c’est en ces lieux que le Seigneur veut déverser sa grâce – « comme l’ondée sur la verdure, comme l’averse sur l’herbe » (Dt 32, 2).

Sébastien de Groulard+

Post Scriptum : comme les années passées, chaque dimanche de carême à la fin des messes, une urne recueillera nos offrandes pour deux projets de solidarité que nous soutenons dans la durée : le suivi de deux écoles en Haïti et le logis Saint-Jean qui offre des repas aux personnes migrantes.