Jeune femme au regard franc et pétillant, Isaure donne foi au dicton « tous les chemins mènent à Rome ».

Partie de Nantes à l’âge de 20 ans pour étudier et travailler dans le domaine de la culture, c’est pourtant notre ville qu’elle choisira à 26 ans comme point de départ de son aventure, qu’elle décrit comme un pèlerinage.

Le 11 avril 2018, elle est bénie à Bon Port et part en compagnie de son sac à dos et de ses chaussures de randonnée. Ce n’est pas la première fois qu’elle les étrenne, mais lors de ses précédentes marches spirituelles, elle rechaussait ses escarpins au bout d’une semaine, jamais plus. Cette fois, elle se lance pour 3 mois… Objectif : traverser la France jusqu’à la Suisse puis rejoindre la Via Francigena, ancienne voie médiévale de pèlerinage qui va de Canterbury à Rome.

Les motifs de ce départ sont difficiles à exprimer, mais c’est un projet qu’elle mûrit depuis plusieurs années, en ressentant une impulsion qui la pousse à marcher. L’idée n’est pas de discerner un choix, ni de réaliser un exploit sportif. Simplement, prendre le temps de partir en chemin, avec un but géographique et une feuille de route spirituelle, le chapelet quotidien en poche.

Son autre poche laisse place à des médailles miraculeuses qu’elle donnera en chemin. Ses hôtes en bénéficieront, ainsi que d’autres randonneurs, curieux de son moteur de voyage. En témoignant auprès de ceux qu’elle perçoit dans le refus de la religion, elle prie dans son cœur « laisse toi toucher… ». Ces moments lui rappellent les discussions animées avec ses collègues non chrétiens, avant son départ.

Mais ce périple n’est pas sans difficultés. Son principal doute, qu’elle n’avait pas avant son départ, la gagne le 5ème jour : « une femme seule sur la route… ». C’est alors qu’en déjeunant à l’ombre d’une chapelle, elle se fait inviter à une adoration. Le stress continue à lui serrer le cœur, mais un adorateur reçoit cette parole et la lui transmet : « Ne crains pas car Je suis avec toi tous les jours de ta vie, et Je t’aime ». Elle ne peut avoir plus belle et claire réponse, et continue avec empressement.

Plus tardivement, la solitude devient pesante. En France, un relais d’accueil chez l’habitant s’était organisé de nuit en nuit. Mais sur la partie italienne, les gîtes d’étape sont souvent vides, ce qui laisse place au cafard. Alors elle prie « Seigneur, envoie-moi quelqu’un ». Cette prière se concrétisera, en marchant ou autour d’un verre de vin italien ! Un autre obstacle l’éprouve « Tu m’envoies en chemin, mais mes pieds ne marchent plus… ». Alors elle se fixe de petits objectifs quotidiens, qui mis bout à bout la propulsent vers l’avant.

A son arrivée dans la ville papale, 1800 kilomètres plus loin, elle rayonne de joie, et d’étonnement d’avoir atteint son but.

Ayant goûté les grâces d’un abandon dans les mains du Seigneur, à son retour elle se confie : « même si je n’avais pas d’attentes particulières, rien ne s’est passé comme je l’attendais. Dans cette période où j’entre dans ma vie d’adulte, ce n’est finalement pas la soif d’une nouvelle aventure qui m’habite, mais l’envie d’un ancrage au quotidien en donnant ce que je peux donner. » S’investir dans une paroisse fixe, faire du catéchisme, accueillir… Cette parenthèse gratuite dans sa vie commence déjà à donner du fruit.

■ Hélène Ferré