Parlons d’art

Articles tirés du journal NDN

L’orgue de Bon-Port

 

 

C’est d’abord grâce à sa sonorité si joliment mise en valeur par l’exceptionnelle acoustique de l’église que l’on fait connaissance avec l’orgue de Bon Port. En levant la tête, le visiteur aperçoit l’instrument, majestueux, assis sur son imposante tribune.

L’orgue fut construit par le célèbre facteur d’orgue nantais Louis Debierre à partir de 1889. L’artisan a eu à cœur de réaliser un instrument digne de la paroisse de son enfance. Le résultat est sans doute le chef-d’œuvre de sa carrière et l’un des plus beaux instruments français. À la réception des travaux, en 1891, Louis Debierre est même allé au-delà de ce que son contrat prévoyait, en offrant à la paroisse un certain nombre de jeux complémentaires et une vaste tribune.

Parmi les innovations de l’époque dont bénéficie l’instrument, le facteur d’orgue a choisi de substituer à la transmission mécanique des notes une transmission électrique – un des apports technologiques majeurs de la fin du XIXème. Alors que la mode est au romantisme, il est aussi l’un des premiers à remettre en valeur les jeux de mixtures, caractéristiques des orgues des XVIIème et XVIIIème siècles.

L’orgue dispose de trois claviers manuels et d’un pédalier (deux octaves et demie sur lesquelles on joue avec les pieds). Il est composé de 45 jeux, et comprend plus de 3800 tuyaux, le plus grand mesurant près de 5 mètres et le plus petit quelques centimètres. Si la partie visible de l’orgue – la console et le buffet – est déjà imposante, la face cachée de l’instrument ne l’est pas moins : la plupart des tuyaux, invisibles à l’observateur qui se trouve dans l’église, occupent un volume important à l’arrière, répartis sur plusieurs étages. Le ventre de l’instrument abrite aussi des soufflets qui, alimentés par un moteur et commandés par la console, vont propulser de l’air dans les tuyaux.

L’orgue est classé Monument Historique depuis 1975 et n’a été restauré que deux fois en 126 ans.

Son état est aujourd’hui préoccupant mais des premiers travaux d’urgence devraient débuter à court terme. Outre l’accompagnement des offices, il est utilisé pour de nombreux concerts et c’est un outil pédagogique remarquable.

Antoine Clavier et Damien Rahier
NDN 12 – Noël 2017