Questions liturgiques

Articles tirés du journal NDN

Carême et sobriété liturgique

 

 

Après la résurrection, il a fallu près de quatre siècles pour que l’année liturgique se mette en place telle que nous la connaissons, rythmée par différentes fêtes. Dans les premiers temps, il n’y avait « que » le dimanche. Vers l’an 350 la vie de l’Église se structure autour de deux grands pôles : Noël et Pâques, avec un temps de préparation – l’avent et le carême – et un temps festif d’accomplissement – le temps de la nativité et le temps pascal. En dehors de ces deux périodes, c’est le temps ordinaire. Semaine après semaine, la liturgie de l’Église accompagne notre pèlerinage vers la cité céleste.

La liturgie est le lieu privilégié où l’homme entre en dialogue avec son Seigneur. Pour cet échange, tous nos sens sont sollicités : il y a la couleur des vêtements liturgiques, la beauté des bouquets de fleur, des effets lumineux, des instruments de musique, des chants, de l’encens, des déplacements, des gestes…

Pour que chaque temps liturgique garde son caractère propre, nos sens sont davantage sollicités pendant les périodes de fêtes. A l’inverse l’avent et le carême suggèrent une plus grande sobriété. Il s’agit d’expérimenter un manque, une absence… qui décuple la joie des retrouvailles au jour de la fête. C’est l’expérience analogue à celle du jeûne : manger un œuf en chocolat le jour de Pâques réjouit l’esprit autant que le corps… de celui qui a éprouvé un manque.

Dans la liturgie, comment se manifeste l’absence, le vide pendant le temps du carême ? Par une plus grande sobriété pour les yeux : la couleur violette, l’absence de fleurs pour décorer l’autel, des éclairages moins intenses. Une plus grande sobriété pour l’odorat – l’absence d’encens. Surtout, une sobriété pour nos oreilles… la présentation générale du missel romain demande que les instruments de musique ne soient utilisés qu’a minima, pour accompagner les cantiques. Après l’homélie ou pendant l’offertoire, c’est le silence. Les mélodies ont des tons mineurs et les rythmes sont plus langoureux. Certaines pièces sont omises – Gloria, Alléluia… Ce jeûne sensoriel peut parfois paraître pesant, lourd. Il n’a pas d’autre but que de mieux nous faire goûter la joie de Pâques !

P. Sébastien de Groulard
NDN 7 – Carême 2017