Portraits et Témoignages

Articles tirés du journal NDN

Xavier, repéré comme « donné à Dieu »

 

 

Vous l’avez sans doute déjà croisé, il s’appelle Xavier Brunier. Cela ne vous aura pas échappé, Xavier est diacre. Depuis 2011, nous l’apercevons souvent dans le chœur, revêtu d’une aube et d’une étole croisée. La mission paroissiale de Xavier est loin d’être la seule. Il cumule également les charges de délégué épiscopal à la Solidarité et aumônier de prison. Aujourd’hui, dans la vie civile Xavier est médecin coordinateur pour six Instituts Médicaux Educatifs.

Depuis le début de leur mariage, avec Christine, ils prient tous les jours pour les vocations. Mais jamais ils n’auraient pensé à cette voie… Xavier a commencé son chemin vers le diaconat dans les années 90, suite à un appel reçu intérieurement. Après deux retraites, Xavier se lance avec son épouse dans un cheminement qui débute en 2000 jusqu’à l’ordination le 27 octobre 2007. Christine et Xavier discernent et se forment. Au début, Christine accueille la vocation de son époux avec prudence, mais elle est heureuse de ce chemin qu’ils parcourent ensemble. « L’engagement est en couple mais la mission est pour le diacre », souligne Christine. Leurs quatre garçons accueillent aussi la nouvelle avec joie, chacun à sa manière. En tant que médecin généraliste, en 2007 Xavier reçoit naturellement sa première mission près des soignants à la Pastorale de la Santé et médecin près des Roms.

Leurs enfants sont grands et quittent l’un après l’autre le domicile familial, Xavier et Christine portent alors un nouveau projet : repartir en coopération, comme ils l’avaient expérimenté au Maroc, jeunes mariés. L’évêque donne son accord et en 2010, les voilà partis au Cameroun au fin fond d’une forêt chargés d’un hôpital de campagne auprès des lépreux. Là-bas, Xavier est tout autant diacre que médecin. Un jour d’avril, un garçon de 12 ans arrive dans le coma et son grand-père se demande s’il survivra jusqu’en août, pour recevoir le sacrement de baptême auquel il se prépare. La santé du jeune est trop fragile, le baptême s’organise sur le champ avec les malades de l’hôpital et de la léproserie voisine. Cinquante personnes prient et chantent à la porte du mourant, c’est cette relation particulière avec chacun que Xavier apprécie.

Il insiste sur l’importance d’être signe, jusqu’à être repéré comme donné à Dieu. Il met un point d’honneur à porter sur son vêtement la petite croix ornée du « d », de diacre, signe discret qui lui permit une si belle rencontre peu de temps après son ordination. Xavier accompagnait le pèlerinage à Lourdes, en tant que médecin et diacre. Marie-Christine, une trentenaire très malade l’interpelle en apercevant sa croix. « Et que peut faire un diacre ? », lui lance-t-elle. Il peut prononcer l’homélie, marier, baptiser. « J’aimerais tant être baptisée ». Après un catéchuménat intense : « Je lui apportais les soins et la massait tout en lui racontant la vie de Jésus », le diacre a la joie de baptiser Marie-Christine au terme du pèlerinage. Et Xavier de conclure, avec le sourire approbatif de son épouse : « Le diaconat est un beau ministère, un vrai cadeau de Dieu pour moi, pour notre couple, pour notre famille ! »

Catherine Morio
NDN 6 – Noël 2016